Les marques sont largement présentes sur Internet. Et il est évident que plus le nom de domaine - c’est-à-dire l’adresse pour accéder à un site Internet – est proche du nom de la marque, plus facilement l’internaute la retrouve sur la Toile. Malheureusement pour les sociétés détentrices des marques, il n’est pas toujours facile de nommer son site du nom de sa marque, car les noms de domaine ne sont pas toujours disponibles : un nom de domaine, en effet, doit être enregistré auprès des autorités compétentes afin de pouvoir être utilisé de façon exclusive. Le premier qui déclare le nom est le seul qui a le droit de l’utiliser. Les marques sont donc souvent entravées pour nommer les sites. Essayons d’expliciter quelques-unes de ces entraves.
Dans certains cas le nom de la marque est ou apparaît dans le nom de domaine d’un amateur ou d’un revendeur de la marque : le résultat n’est pas nécessairement négatif pour la marque, et elle peut contacter le possesseur du site pour discuter le rachat du nom de domaine. Mais dans d’autres cas, les fins poursuivies sont défavorables à la marque, notamment lorsque son nom est utilisé pour attirer le trafic des internautes sur des pages dont le contenu est sans rapport avec elle (liens, publicités) ou nuit à son image (on peut se souvenir de l’affaire ayant opposée Danone et le site jeboycottedanone.com en 2001). Cette pratique est négative : soit elle détourne le nom de la marque, soit elle ternit son image, et elle peut agacer l’internaute. De plus, il n’est pas toujours possible de retrouver qui déclare ces domaines trompeurs quand ils le sont sur des informations incomplètes ou fausses (on parle de « whois » anonyme, de « cybersquatting »). A cela s’ajoute le « domain tasting ». Dans le « tasting », le nom de domaine est enregistré pendant une période gratuite (cinq jours) : d’une part, celui qui enregistre le nom l’utilise pendant ces cinq jours pour attirer le trafic à sa page sponsorisée ; d’autre part, cela empêche le titulaire de la marque de réunir des informations fiables sur les domaines disponibles, car le nom de domaine peut rester enregistré plus longtemps dans les moteurs de recherche ; enfin, pour la même raison, l’internaute a des difficultés à retrouver le site de la marque qu’il recherche. Le « domain tasting » peut d’ailleurs se transformer en « domain kiting ». Dans cette pratique, le nom de domaine est supprimé avant la fin des 5 jours… pour être déclaré immédiatement à nouveau pour cinq jours. En répétant sans cesse cette procédure, le nom de domaine existe sans que son possesseur paye pour cela.
Les acteurs de l’Internet s’attachent à réduire ces pratiques. Leur totale disparition n’est peut-être pas possible. De ce fait, les marques doivent prendre autant de soin pour nommer les domaines sur lesquels elles apparaîtront qu’elles prennent de soin à se nommer elles-mêmes.