Écrire à chaud sur la FIAC, sa cohue, sa profusion, demande une dose d’énergie que, ces jours-ci, je n’ai pas. Commençons donc par deux des foires off.
Show-Off est, cette année, dans une longue tente au bord de la Seine, avec vue imprenable sur la rivière; il n’y a plus d'une vingtaine de galeries. L’entrée est ponctuée de lapins multicolores du Cracking Art Group, dont je ne suis pas certain que l’aspect kitsch soit très engageant.
Quelques stands remarqués:
- Chez Olivier Habib, de grandes photos estompées d’un corps féminin absent, évanoui, par Pierre-Nicolas Bounakoff. Au sol, un ‘Carl Andre’ en rondelles grossières de bois, oeuvre de Clémentine Adou, une artiste venant de la danse, pièce sur l’équilibre et l’instable.
- Chez LMD, Kengo Nakamura reprend des plans d’appartement tokyoïtes exigus, peignant avec des pigments traditionnels sur du papier japonais. Il revisite avec ironie une icone occidentale, reliant ses formes pures à l’ascétisme épuré de l’espace japonais.
- A noter aussi les photos oniriques du Musée Rodin par Rémy Marlot chez Christine Phal, l’installation sensuelle et perturbante de Jeanine Woollard et les mystérieuses photos d’Ornela Vorpsi chez Analix Forever.
Cutlog est une audacieuse nouvelle foire, installée dans la splendide rotonde de la Bourse du Commerce. Si l’espace est agréable, il y a là surtout de jeunes galeries peu connues, dont certaines fort sympathiques et à suivre comme les Nantaises de Heidigalerie (avec, entre autres, Cécile Paris). La qualité est assez inégale, mais on retrouve aussi ici ou là quelques belles pièces de Daniel Firman (ArtFact’Paris), de Patrick Tourneboeuf (Emotion Lydie Trigano), de Mariano Vargas (Imaginart*); en voici une de l’Irakien Adel Abidin sur le stand d’ArtFact’Paris, un des meilleurs de l’ensemble.
Mais l’espace le plus intéressant de Cutlog est celui d’un collectif, ICOBA, créé il y a un an par Juan Doe et Ward Yoshimoto, tous deux new-yorkais, avec Bruno Hadjadj, le directeur de Cutlog. Ce collectif questionne l’économie du modèle de monstration et de commercialisation de l’art contemporain, et, tout en organisant de manière plus ou moins autogestionnaire l’exposition des artistes qui le composent, conçoit aussi des oeuvres collectives sur ce thème : un livre de slogans tiré à un seul exemplaire comme un contre-exemple de la diffusion de masse, des galeries miniature à emporter (PO Box) et une série de 50 médailles commémoratives estampillées de la Bourse du Commerce. Ces médailles sont soit vendues à cent euros, soit gratuites, au choix de l’acheteur, et la valeur de l’oeuvre, présentée comme un cabinet de médailles rudimentaire, fluctue selon les ponctions que les acheteurs y font. Le tout est fait selon une approche marketing visant à établir la marque ICOBA. On peut évidement relier cela à bien d’autres initiatives autour de l’économie de l’art, depuis la Société Anonyme jusqu’à la Factory, mais j’ai trouvé l’approche suffisamment intéressante pour y participer (par la modeste acquisition de deux médailles).
Allez, on repart à l’assaut de Slick et de la Cour Carrée…
Photos de l’auteur