Notez, pendant les épisodes précédents, je perdais toujours les eaux, je trempais couche sur couche et c'était bien désagréable. Surtout que pendant mon trip, j'avais eu le temps de déborder... Un régal.
A ce stade, je commence à en avoir marre de l'humidité et il me tarde qu'on me dise que ça y est, c'est parti. Mes contractions sont toujours du n'importe quoi, pas un poil régulières, les grosses se succédant à deux minutes d'intervalles, puis s'arrêtant pour faire place à des petites qui vont jusqu'à s'espacer de 10 minutes... J'ai l'oeil sur l'horloge, ça fait trois quarts d'heure que je jongle seule, et j'ai vraiment envie de faire appeler Nereij. J'en ai une petite larme en me disant que si c'est encore un faux travail, je ne vais pas le voir avant plusieurs heures.
La sage femme revient et regarde mon monitoring. J'ai bien quelques grosses contractions, mais "c'est pas efficace ce genre de tracé" qu'elle me dit. Par acquis de conscience, elle vérifie mon col : je suis dilatée à plus de deux doigts, bientôt trois ! Il est 6h15 et oui, c'est parti !
Enfin ! elle part appeler le futur Papa, tout en lui disant de ne pas se presser : il y a le temps.
Mouais. Moi j'ai grave envie de sa compagnie, c'est mon premier accouchement quand même. De toute façon, Nereij se précipite (juste après une douche) et arrive l'estomac vide avant sept heures. Je lui raconte mon trip, on rigole tous les deux, je contracte et il surveille le monitoring, tout va bien.
A 7h00, je réclame la péridurale : les salles d'accouchement sont prises d'assaut par les gros bidons et je sens que je ne vais pas tenir longtemps sans, parce que ça DOUILLE bon sang ! J'enchaine de grosses contractions sans pause, trois ou quatre d'affilée, des méchantes faut bien le dire ! Hors de question que je passe en dernier, je suis là depuis la veille quand même !
Je veux de la drogue. La drogue, c'est bon ! A 7h30 l'anesthésiste arrive avec une deuxième sage-femme, un amour, comme la nouvelle qui s'occupe de moi. Le gars pue la clope, mais je m'en fous, il a tout d'un ange avec sa batterie de seringues. Je pensais que Nereij allait sortir mais pas du tout. Il reste en face de moi pendant qu'on me pique le dos, il tient mes mains pendant que je me retiens de bouger, même quand une contraction arrive.
"C'est une grosse et elle va être longue ! que je m'écrie.
- Bougez pas, parce que je suis en train de piquer."
Je n'ai pas frémi d'un poil. Je suis très fière de moi. Haricot gigote. Une dizaine de minutes plus tard, je sens des petites fourmis de bien-être dans le bas de mon corps. Comme je suis une femme aimante et prévoyante, j'envoie le futur papa boire un café et manger une cochonnerie, histoire qu'il tienne le coup.
A son retour, nous reprenons notre discussion, sauf que je souffle quand même bien aux contractions pour le petit. De temps en temps, des cris retentissent dans les autres salles. Des fois un bébé, des fois une femme... et on se réjouit tous les deux de cette merveilleuse invention qu'est la péridurale.
A huit heures, je suis à 4 cm. On me met un truc dans la perf pour booster un peu mon col. Nereij est chargé de me faire sucer des petits cachetons d'homéopathie, sucrés, toutes les dix minutes, et je les gobe goulument (rhaaaa ! du sucre !)
Au bout d'un moment, j'ai la sensation que mon trouffion est grand ouvert, et j'ai comme une grosse envie de caca. (D'ailleurs en moi-même, je m'inquiète, parce que je n'ai pas eu de suppo pour évacuer le contenu de mes intestins. J'ai déjà fait pipi une fois dans le haricot prévu à cet effet, c'est assez gênant.)
La sage-femme arrive et fait un contrôle : le col est effacé, je suis ouverte à 10 cm. Il est dix heures, la descente commence !