Le débat est mal engagé. Adroitement biaisé par Henri Guaino. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a agité le chiffon rouge en rappelant les enseignants à leurs obligations. “Je pense que les enseignants ont un devoir. Le devoir, c’est de faire leur métier d’enseignant donc d’obéir aux directives”, “Ce n’est pas une profession libérale le métier d’enseignant, c’est un fonctionnaire” a dégoupillé la plume et pour l’occasion la bouche présidentielle sur France-Info .
Ni une ni deux, de nombreux enseignants se sont engouffrés dans le piège en indiquant avec une certaine légèreté, refuser de se plier à la prescription du chef de l’État. Si la note de service publiée l’an dernier contenait des ambiguïtés sur le caractère optionnel ou pas de l’exercice, le ministère de l’Éducation nationale, sur demande de Luc Chatel , a corrigé le tir. Un nouveau texte demande aux chefs d’établissement « de mobiliser les équipes éducatives autour de la commémoration » du 22 octobre. La seule option laissée aux enseignants porte sur le choix des textes qui doivent nourrir la discussion.
La polémique met en avant trois éléments qui constituent les ressorts du Sarkozysme. La dictature de l’émotion, le braconnage sur les terres mémorielles de la gauche et surtout, un fossé entre les discours et les actes.
A cet égard, l’attitude indigne du chef de l’Etat aux cérémonies de célébration de la résistance dans le Vercors le 18 mars 2008 ne laisse guère de doutes sur le trompe l’œil que constitue la lecture de la lettre de Guy Môquet. Une projection très personnelle dans un texte qui l’a sans doute troublé. En aucun cas un hommage à l’esprit de résistance ou à l’héritage du Conseil National de la Résistance .