Mademoiselle CHAMBON, Véronique Chambon est institutrice dans une petite ville de Province où les habitants semblent absents. L'atmosphère de ce film est un peu étrange, c'est presqu'un huis clos entre la Maîtresse d'école fine et fluide, et Jean, un maçon, superbement campé par Vincent Lindon.
J'ai voulu voir ce film, absolument. Pourtant, avec quelques jours de recul, je ne suis pas sûre de l'avoir vraiment apprécié. J'avais refusé la veille de lire le billet que JMPH lui avait consacré. Surtout, ne pas se laisser influencer. Mon voisin de blog a parfaitement maîtrisé son sujet alors que dire de plus, sinon vous en donner ma vision, différente.
Le contraste entre l'institutrice qui joue du violon et Jean, le maçon tout en rocaille est saisissant. Au début du film, on se demande comment l'un et l'autre vont réussir à s'apprivoiser. Le violon servira de fil conducteur à leur histoire naissante. Le charme entre eux agit, tout doucement, sans violence et sans pulsion impatiente... Le décor est planté, regardons les s'aimer, allez vous penser... Mais voilà......La femme de Jean attend un enfant et cette heureuse nouvelle est déstabilisante pour le père et celle avec laquelle il n'a fait qu'échanger un baiser... sur un air de violon, l'institutrice de son grand garçon... Celle qui ne cille pas c'est la future maman. Aure Atika joue son rôle d'épouse et de mère au flegme implaccable, au point que j'ai éprouvé pour elle un peu de répulsion... mais cela vient de très loin, de mon passé intime et ce passé veut qu'avec le recul, je n'aime pas ce film, comme il se devrait. Il me dérange..
Très vite, j'ai eu envie de dire à Sandrine Kirberlain, alias Mademoiselle Chambon, "tire toi, tire toi vite !" Et c'est ce qu'elle fera dans un mélange de forces fragiles et d'abnégation car cette institutrice qui va de remplacement en remplacement, en a marre de courir d'école en école. Elle voudrait se poser. Elle ne le fera pas. Elle n'a pas d'autre but, alors en attendant, elle rentre chez elle, en Région Parisienne et on imagine sans peine le retour dans sa famille, à la seule voix, haut perchée de sa mère sur son répondeur téléphonique. On devine qu'elle est issue d'un milieu où l'on ne se plaint pas... enfin, pas de ça ! C'est une façon subtile de montrer du doigt la profondeur du fossé entre Véronique et Jean, dont le père, octogénaire, fête entouré tendrement de sa famille son anniversaire. Ce père n'est autre que Jean-Marc Thibaut que l'on retrouve à l'écran avec un infini plaisir.
De remplacement en remplacement.... Je n'ai pas pu m'empêcher au fil de cette projection d'être cartésienne. Pourquoi changer cette fenêtre ? On est au mois d'avril, et les vacances scolaires sont proches. Mademoiselle Chambon n'est pas titulaire de son poste comme elle n'est surement pas propriétaire de son logis. C'est à son bailleur de changer cette fenêtre... Et puis, Jean, pardon, Vincent Lindon n'a pas le geste sûr avec sa pompe à joint silicone... etc, etc...
Toutes ces réflexions, peut être, surement, pour me tenir debout et droite sur la plaque en fonte sous laquelle j'ai enfermé la même histoire... Il ne s'appelait pas Jean, mais Jean-Louis. Il n'était pas maçon mais peintre en bâtiment. Je répugne à en parler... et j'ai failli me boucher les oreilles lorsque Véronique, le front appuyé sur le fenêtre derrière le voile de son rideau observe celui qui est en train de laisser un message sur son répondeur... Le même que j'ai reçu, sur le même ton, il y aura bientôt trois ans...
Chez JMPH, le commentaire de Monique parle d'abscence de préjugés sociaux. Pas là, pas maintenant, mais après quand les masques seront tombés et au fond de moi, au cours de la projection j'ai crains que la fine institutrice ne soit brisée comme un vase de fragile porcelaine par le bulldozer de la vie et, l'assurance tranquille d'une épouse qui frémit à peine lorsque son Mari rentre malgré tout, malgré lui et qu'elle voit, posé dans l'entrée son sac de voyage... Comment réussit elle à éplucher le talon de son chéquier avant de minauder à l'attention de son époux "ton père a appelé"... comme si de rien n'était...
... Véronique a réussi à monter dans son train et à s'échapper... Ouf, elle est sauvée !