The Descent de Neil Marshall fut l’un des films d’horreur les plus flippants de ces dernières années, portant haut l’étendard du genre en Europe au même titre que [REC] ou Martyrs. Cependant Hollywood et l’avidité de ses producteurs ont beau se trouver à des milliers de kilomètres, le vieux continent sait lui aussi se montrer gourmand et commander des suites inutiles pour le simple apport financier qu’elles représentent. The Descent 2, ou la poilade improbable.
S’il est évident qu’on ne peut pas réaliser La communauté de l’anneau sans le faire suivre par Les deux tours, les cas où une suite est nécessaire, ou du moins se révèle satisfaisante, sont rares. Encore plus lorsque le réalisateur est changé et que la dite suite sent l’exploitation d’un filon à plein nez. L’exception à ce constat pourrait être 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo, qui se permet même (à mes humbles yeux) de dépasser l’original de Danny Boyle en intensité.
C’est peut-être à cause de la réussite de cette suite remarquable de 28 jours plus tard que je me suis laissé tenter par l’audace de cette suite pas du tout attendue de The Descent. Après tout le film de Neil Marshall se suffisait totalement à lui-même, sombre, claustrophobe, surprenant, sanglant, et très, très angoissant, avec une fin pessimiste et réjouissante. Pourquoi donc aller plus loin ?
Bon admettons. Admettons que les scénaristes aient trouvé une excellente idée qui prolonge l’horreur et nous plonge plus loin dans le frémissement. Pourquoi pas. La lumière s’éteint, le film démarre. Alors, où nous emmène-t-on ? Rappelons que dans The Descent, une bande de copines allaient faire un petit week-end spéléo dans les Monts Appalaches qui tournait au cauchemar lorsque les aventurières d’un week-end tombaient sur des êtres humanoïdes cannibales particulièrement laids et voraces dans les profondeurs des grottes. Et qu’à la fin du film, aucune d’elles ne trouvaient la sortie, que deux d’entre elles étaient encore vivantes mais à l’évidence condamnées à ne pas le rester longtemps.
La lumière s’éteint donc pour faire place à The Descent Part 2, à la séance de 22h au George V sur les Champs (dernière séance en semaine, le seul moment où les grands cinés de l’avenue sont fréquentables car presque vides, sinon c’est ados en folie et pop corn à volonté…). Accompagné de deux amis amateurs de films d’horreur, le frisson est attendu. Pourtant ça sent tout de suite le coup fourré. Le lancement du film ? L’une des deux filles encore vivantes du premier est sortie toute seule comme une grande du labyrinthe plein de monstres et est emmenée à l’hôpital. Où le shérif local constate que la fille, recouverte d’un sang qui pourrait être celui de la fille du sénateur qui l’accompagnait dans l’expédition, ne se souvient de rien.
Aux États-Unis c’est comme en France, les enfants d’élus haut placés ont des avantages, et là-bas c’est celui d’avoir la police locale qui pousse à fond les recherches pour retrouver la progéniture disparue. Le shérif local, ni une ni deux, éjecte donc l’amnésique de son lit et la trimballe, avec son adjointe et trois spéléologues professionnels, dans les grottes infernales auxquelles elle venait de réchapper.
Bon à ce point-là déjà le film sent le foutage de gueule. La ficelle scénaristique du « J’ai tout oublié » est utilisé trop facilement, d’autant qu’ils ont beau emmener la fille dans la forêt, puis devant un gouffre qui les descendra au fond, puis enfin dans les caves étroites proprement dites, la survivante met bien du temps à réagir, reprendre ses esprits, et se dire « Eh mais attendez les mecs, je suis déjà venu dans le coin, et y a des cousins visqueux et incestueux de Voldemort qui ont bouffé les tripes de mes copines et je m’en suis sortie miraculeusement !!!! AU SECOURS !!!!! LAISSEZ-MOI SORTIR DE LA BANDE D’ABRUTIS !!!!!!! » (et ça elle le dit même pas, mais je suis sûr qu’elle le pense très fort quand même).
En fait à partir de là, le film n’est qu’un remake de The Descent. L’exploration de la cave, les drôles de bruit, la surprise effrayante (Aaaaaah, c’est quoi cette horreur !!!???), le schéma est calqué sur le premier film sans grande surprise. Et une fois que la cavalcade commence, The Descent 2 n’est plus qu’un enchaînement de séquences plus prévisibles les unes que les autres. Au point de pouvoir faire le décompte (5… 4… 3… 2… 1… maintenant !!) du moment où la vilaine créature va apparaître ou attaquer.
Au moins la prévisibilité est telle que les rires fusent, et ceux-ci, contrairement au premier, ne sont pas des rires évacuant l’angoisse. Seulement des rires de dépit devant une suite qui se confirme inutile.
A Noël sortira [REC] 2, qui contrairement à The Descent 2 a été concocté par les mêmes réalisateurs que le premier opus. Un bon signe ? Réponse dans deux mois.