Permettez-moi d'ajouter un troisième cadre. Je voudrais mettre dans cet angle de l'icône un élément qui m'a fortement impressionné dès ma permière visite comme pèlerin à Ars, en ce lointain 1975, lorsque j'avais à peine 4 ans d'ordination. Je me réfère à la bibliothèque de Mr. Balley, que le Saint Curé a eue comme héritage. J'ai eu l'occasion d'examiner de près les titres des livres dans sa chambre du presbytère. Comme elle est loin de la réalité, cette image stéréotypée d'un Vianney ignorant ou dur de caboche. Il n'a pas été un brillant élève, il n'aura pas été un cerveau génial. Mais, quelle application dans l'étude, surtout lorsque, au contact de ses gens, il s'est senti responsable "d'indiquer la route du ciel": "Le résultat de ses études était nul parce qu'il ne comprenait pas suffisamment le latin... Malgré cela, il paraissait s'appliquer continuellement à l'étude", comme déclarait Vincent Besacier, son collègue de séminaire. Les traités de spiritualité, les livres dogmatiques, la théologie morale qu'il a compulsés laborieusement, en se préparant scrupuleusement au ministère de la prédication, malgré le siège des fidèles et les journées complètement remplies de son service pastoral. Le prêtre Vianney n'omettait pas la préparation intellectuelle. Au contraire, dans le procès on apprend que le Saint relisait l'oeuvre morale de saint Alphonse-Marie de Liguori, le Patron des moralistes et des confesseurs; c'est ce même saint docteur qui, de son vivant, prêchait aux prêtres la nécessité d'une étude continue et diligente, à côté d'une intense vie de prière, pour qu'ils puissent être des guides sûrs. L'intelligence spirituelle, sans l'orgueil humain, et rassasiée par la présence de Dieu, voilà un défi pour les prêtres d'hier, d'aujourd'hui et de toujours. Disait le Saint Curé: "La croix est le plus savant livre qu'on peut lire. Ceux qui ne la connaissent pas sont des ignorants, quand même ils connaîtraient tous les autres livres. Il n'y a de véritables savants que ceux qui l'aiment".Veuille que l'on puisse dire de chacun de nous ce qu'a écrit Mlle Lasagne de son curé: "Monsieur le Curé se considérait tellement peu de chose que le Saint Esprit prenait plaisir à combler ce vide avec sa sagesse admirable"
Prêtres diocésains, quelle sainteté? Colloque à Ars, 26-27-28 février 2007, éd. Sanctuaire d'Ars - Parole et Silence, 2007, p. 244-245