Un article sur rfi, N'entre plus au Japon qui veut !
Ces nouvelles mesures japonaises rendant obligatoires la saisie des empreintes digitales et de la photographie des étrangers de plus de 16 ans sont calquées sur celles adoptées aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
L'an dernier, Amnesty international avait critiqué ces mesures. Dans les années 80, l'obligation faite aux étrangers résidant au Japon d'apposer leurs empreintes digitales avait soulevé de vives protestations et conduit à son abrogation.
L'an dernier, Doudou Diène, le rapporteur spécial pour les Nations unies sur le racisme et la discrimination au Japon, avait mis en garde contre la tendance à criminaliser les étrangers sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Adopter une loi spéciale obligeant les étrangers à donner leurs empreintes digitales revient à pointer le doigt sur eux comme ennemi potentiel, avait déclaré Doudou Diène.
Un étranger au Japon, c'est forcément tous les autres. Tous les autres qui ne peuvent comprendre le Japon, tous ceux qui ne peuvent pas accepter les nuances japonaises, tous ceux chez qui il n'y a pas 4 belles saisons, tous ceux qui ne peuvent manger du natto, tous ceux qui sont aussi, désormais un danger potentiel.
Tous ceux qui devront forcément venir pour gonfler la main d'oeuvre du pays. Tous ceux qu'il va falloir surveiller de plus près. Danger, attention, interdit de prendre des risques, tout savoir avant pour être sûr de savoir que cela se passera comme ça après. Les empreintes et nos photos dès l'arrivée à l'aéroport, que vous soyez ici pour une semaine de voyage ou depuis 4, 20 ans.
Allons-nous leur expliquer que ceux qui se font exploser dans les bus, les métros, ce sont des nationaux des pays concernés ? Va-t-on leur dire que des Japonais peuvent aussi déverser du gaz sarin dans un train ?
Non, après quelques années ici, on comprend que là n'est pas le problème. Il faut rassurer la population et c'est tout. Les autres ne sont presque pas là. Les étrangers au Japon ? Quelques uns viennent pour voyager et quelques autres entrent et sortent.
Sont-ils conscients que des étrangers vivent au Japon ?
Peut-être à Tokyo... On en vient au problème interne dans la loi: le budget pour son application. L'aéroport international de Narita, près de Tokyo a pu se payer une machine qui prendra les photos et les empreintes, comme un grande, rapidement.
Mais les autre aéroports internationaux du Japon ? Pas assez d'argent pour ça...
Si vous arrivez au Japon fin novembre ailleurs qu'à Narita, vous ne pourrez pas laisser vos empreintes et photos rapidement. Il faudra patienter. J'imagine ques des gens en uniforme nous mettrons un peu d'encre sur les doigts, nous prendrons en photo.
J'imagine qu'il faudra patienter de longues minutes. Pas sûr que ceux qui votent les lois savent que les avions qui atterrissent au Japon ne comprennent pas que des Japonais. A Osaka, à Kobé, à Nagoya, à Fukuoka...
Vous êtes marié à une Japonaise ? Bienvenue au Japon ! Votre épouse fera la queue d'un côté et vous attendra, vous regardera pendant que des officiers de l'immigration prendront vos empreintes. Désolé, mais je n'arrive pas à penser à ça en me disant que c'est bon pour le Japon et sa sécurité. C'est juste mal pour l'Homme.
Je n'ai envie que d'une chose, que cette loi change. Un petit sitting à l'aéroport lors de l'arrivée avec tous les étrangers d'un vol, c'est possible ? Une désobéissence de tous ceux qui arrivent en même temps ? Des manifestations ? Ou alors, mieux: 2 plâtres à vos mains: dites que vous les avez cassé en faisant du ski. Pas sûr qu'ils aillent jusqu'à prendre les empreintes de vos orteils... Croyez-moi, vous allez en entendre parler encore ici.
A lire en anglais sur Debito.org:
What to do about fingerprint law: letter of protest, Amnesty Int’l meeting Oct 27