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Culture, Requiescat in pace !

Publié le 21 octobre 2009 par Arsobispo

La librairie américaine Brentano’s, fondée en 1895 par Arthur Brentano fut l’un de mes premiers lieux de prédilection. Je m’y procurais les plus improbables magazines internationaux et la plupart des journaux anglo-saxons. J’’y ai découvert mes premiers « paperback » aux graphismes révolutionnaires d’artistes qui n’étaient alors que des jeunes crèves-faim. Je m’émerveillais devant l’ingéniosité de certains « pop-up » que l’on n’appelait pas encore des livres en relief. J’apprenais que les « diaries » pouvaient être des contes animaliers emplis de poésie avant d’être des journaux intimes. J’y dénichais enfin des fanzines introuvables en tout autre lieu. C’est ici que j’ai dépensé les premiers billets de mes premières paies. C’est de là que sont issus les premiers rayons de ma bibliothèque.

Brentano’s – tout comme WHSmith (que je trouvais un peu trop intellectuelle - pouvait répondre aux recherches en ouvrages anglo-saxons des différents passionnés de tous poils. Elle possédait un fond inimaginable, dans des domaines aussi variés que le roman et la photographie, les arts graphiques et le patchwork, les livres pour enfants et les arts manuels, les guides de voyages et la cuisine, la philosophie et le rayon SF et bien entendu les Polars et Comics auxquels s’ajoutèrent plus tard les comixs …

Brentano’s a fermé le mois dernier, suite à une liquidation judiciaire prononcée par la Cour d’Appel de Paris qui a accédé à l’exigence du propriétaire des murs, la BNP. En l’occurrence, une augmentation de loyer de 7000 à 20.000 € mensuels !

Brentano’s aura survécu une dizaine d’années aux employés de l’ex Banque Paribas qui y avaient leur entrée et bénéficiaient de tarifs préférentiels sur tout autre article qu’un bouquin et d’une réduction sur le livre, dans les termes de la loi. La BNP, après avoir dévoré Paribas, régurgite dans un rot pestilentiel Brentano’s. La BNP, qui assure - prétendument - une politique de « mécénat cohérente et fédératrice » en précisant même son soutien à des « projets en faveur de la culture » n’a sans doute pas jugé indispensable d’avoir à quelques mètres de sa porte l’un des rares pôles – si ce n’est le seul - de la vie culturelle du quartier de l’opéra !

Depuis, il ne serait pas étonnant qu’elle songe à dénommer ce quartier, la City ! Il ne lui restera plus qu’à déménager son siège social au sein même de l’Opéra Garnier.


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