Lors de la Semaine du Goût, j'ai lu dans ma classe une histoire bien sympathique et pleine d'enseignements: "La grosse faim de P'tit Bonhomme"!
P'tit Bonhomme se réveille et son ventre gargouille: il a faim. Il descend dans la cuisine, ouvre le placard: ce dernier est vide tout comme la huche à pain et l'armoire! Vite, il file chez le boulanger pour lui demander de lui donner du pain...parce qu'il a FAIM! mais c'est que cela ne fonctionne pas comme ça: le boulanger ne donne pas son pain, il le vend...."c'est comme ça que je gagne ma croûte". P'tit Bonhomme sort son porte-monnaie qui, hélas, s'avère être aussi vide que sa huche et son placard! Une solution se profile: s'il donne au boulanger un sac de farine, celui-ci lui donnera du pain.
Ni une ni deux, P'tit Bonhomme court au moulin où il sollicite le meunier qui, bien entendu ne donne pas mais vend sa farine "Je ne mouds pas pour rien". Comme le porte-monnaie est toujours vide, le meunier veut bien donner un sac de farine contre un sac de grains de blé. Du coup, P'tit Bonhomme va voir le paysan qui veut bien donner des grains de blé mais pour faire pousser le blé il faut du crottin....le cheval veut bien donner du crottin mais il n'a plus d'herbe verte à manger....la terre veut bien donner de l'herbe mais tout est sec car elle a soif....la rivière veut bien donner de l'eau mais en échange d'une séance de ménage ce que fait P'tit Bonhomme. Ce dernier fait à rebours le chemin pour terminer chez le boulanger et enfin "voir la fin de sa faim"!
Les illustrations sont vraiment très très belles, variées (les matériaux sont hétéroclites mais judicieusement organisés), le texte est parsemé de jeux de mots amusants, de rimes et de musicalité. J'ai adoré le qualificatif de "puant si bon" au sujet du crottin de cheval, la rivière "qui se la coulait douce". J'ai beaucoup aimé le passage du nettoyage de la rivière: l'eau est un bien précieux qu'il faut bien traiter.
Le cycle du pain est amené de manière originale: P'tit Bonhomme part du produit fini pour aller à la source (l'eau et l'engrais). Les clins d'oeil aux comptines et chansons traditionnelles sont présents, notamment au sujet du meunier qui est représenté allongé, la fleur aux lèvres. De plus, le goût de l'effort est mis en scène de façon ludique: pour manger et calmer ainsi sa faim, P'tit Bonhomme travaille tout au long de la journée...ce qui ne l'empêche pas de goûter, sans façon, au plaisir ineffable de ne pas se soucier du lendemain. Il y a de l'épicurien dans ce P'tit Bonhomme!
J'ai failli oublier un autre détail intéressant du récit: la scène d'ouverture "Dans la ville il y a une rue, dans la rue il y a une maison dans la maison il y a une chambre dans la chambre il y a un lit dans le lit il y a un P'tit Bonhomme, dans P'tit Bonhomme il y a un ventre vide."...c'est tout simplement une description balzacienne (rappelez-vous la description dans "Le Père Goriot": des abords de Paris, le lecteur suit le chemin descriptif de Balzac jusqu'à la mouche sur le papier peint d'une pièce de la maison.)!
Une jolie histoire à mettre entre toutes les mains! Les avis de la boîte à livres Lili morgan Emmyne