Longtemps, le teint sombre lustré avait été considéré en Inde comme un signe de beauté. Comme il ressort des hymnes religieux adressés à Visnou, Râma et Krishna, ou de quelques-uns des grands personnages de l’épopée, telle l’héroïne si désirée du Mahâbhârata, Draupadî, appelée parfois Krishnâ, la femme « bleu foncé ».
Même la sublime Sarasvatî, déesse des savoirs et des arts à la clarté pourtant légendaire, eut des incarnations noires de peau, telles Mâtangî ou Shyâmâ, laudativement comparées à un « lotus bleu » ou à un « nuage sombre ».
Noir ou blanc ?
Mais, au moins depuis aussi longtemps, la question de l’euphémisation chromatique a taraudé les Indiens. On le constate dans le panthéon avec le divin bouvier Krishna dépeint comme bleu sombre ainsi que l’exprime son nom – manière proprement indienne de dire noir –, ou le grand Siva, terme qui signifie « rouge » mais désigne en réalité un teint pâle et la peau claire.
Mais c’est durant la colonisation britannique que la « couleur de la race » devint un enjeu social majeur. C’est alors en effet que les membres des hautes castes se définirent comme « caucasiens (bruns) », issus du « stock aryen ». Les orientalistes, admirateurs de l’antique civilisation indienne, reconnurent d’abord cette commune origine raciale. Mais les Anglais la refusèrent au fur et à mesure de la transformation de l’Inde en empire et du préjugé racial croissant face aux noirs sujets tropicaux.
C’est donc pour une bonne part au fantaisiste mythe aryen que l’Inde doit ce renforcement du préjugé de couleur selon lequel plus claire est la peau plus haut est le statut, moins sombre est le brahmane plus grand est son prestige : mieux vaut le pandit kashmiri, au teint diaphane, que le pandit tamoul à l’épiderme sombre.
L’obsession de la couleur de la peau en Inde reste forte, comme la valorisation de la clarté. « La beauté comme pâleur est à l’Asie ce que la minceur est aux Etats-Unis ». Aujourd’hui, les épithètes les plus fréquemment associés aux femmes ayant la peau claire sont « belles », « jolies », « charmantes » ; celles liées aux corps sombres étant au mieux « sexy » ou « exotiques ». Certes, on reconnaît ainsi aux types opposés d’épiderme leurs propres qualités attractives, du moins dans la bourgeoisie cultivée. Mais cela ne va pas sans une hiérarchie que trahit la convoitise empreinte de condescendance des hommes de hautes castes envers les sombres femmes de basses castes ou des tribus.
Les annonces dans les journaux des mariages arrangés spécifiant la « fair complexion » des épouses potentielles (pour des raisons statutaires mais aussi pour faire monter les enchères et réduire le coût de la dot) attestent de cette obsession épidermique. Le confirment également les rayonnages encombrés de boîtes de talc ou de pots de crème éclaircissante ou dépigmentante, du style Fair and Lovely, des filles, belles-filles et mères. La femme indienne est en quête du masque de la pâleur ; les hommes indiens sont fascinés par ce cache-noirceur. C’est la raison pour laquelle les photographes professionnels de mariage dans le sous-continent retouchent les négatifs avec de l’encre rouge afin de rendre les chairs plus claires lorsque le cliché est tiré.
Que la couleur de la peau l’emporte sur toute autre considération est démontré par ceux là même qui la nient. Ainsi des propos de Phôlan Devî, la « reine des bandits » devenue aujourd’hui députée au Bihâr, qui défendit la tenue de Miss Monde en Inde de la manière que voici : « Qu’y a-t-il de mal à présenter la beauté de belle manière avec un style et un esprit indiens ? La beauté n’est pas dans la profondeur de la peau : elle est dans les yeux du spectateur. La beauté est plus une combinaison de traits de caractère, de compassion, d’humanité et d’un type de comportement que seulement un visage, un épiderme ou une morphologie ».
Cette recherche de transparence vaut a fortiori pour les mannequins et les actrices. Tous évitent soigneusement de bronzer – une peau sombre est très généralement en Inde un indicateur de bas statut.
Ce qui frappe, lorsqu’on vit en Inde et que l’on regarde la télévision, les affiches de films, c’est que la belle femme indienne a des allures moyen-orientales et la peau claire.
Ce canon, très bollywoodien, tranche singulièrement avec la femme de la rue, mais ce contraste est très fort et très présent.
Source
Cet article doit beaucoup à un long article de Jackie Assayag, « La « glocalisation » du beau ».
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 26 juillet à 21:28
Les gens parlent de la beauté en disant que les traits doivent être fins ici en occident, les dravidiennes comme lakshmi menon ou Nicole faria et Freida Pinto devrait faire un tabac!! Des gens en France ne savent pas qu'il existe des individus à la peau foncé et au traits fins. Dommage qu'ils ne l'ai montrent pas.
posté le 25 novembre à 05:48
On voit en tout cas que vous parlez pas un pète de sanskrit,à voir toutes les ineptie que vous racontez au début de l'article. Le reste je veux bien le croire. Mais arrêtez d'être idiot avec ce pays par pitié!