Comme tout le monde, j'ai mes petits coups de "moins bien". Il y a des jours où je déplacerais des montagnes et d'autres où je resterais terrée chez moi, dans l'obscurité. Dans ces moments-là, seul l'art est capable de me sortir de ma léthargie. Cela ferait un excellent sujet de philo mais je crois que la vie ne vaut d'être vécue que et qu'à travers lui.
Le soir de mon anniversaire, je suis allée voir "Le Mardi à Monoprix" avec Jean-Claude Dreyfus. J'ai eu la gorge serrée durant toute la représentation. J'aurais été toute seule, je n'aurais pu retenir mes larmes. Mon Dieu, dans cette société où la médiocrité et le bas de gamme sont mis en haut de l'affiche, que cela fait du bien d'être éblouie par le talent d'autrui.
Je savais de par sa réputation que Jean-Claude Dreyfus était un comédien d'exception. J'en ai eu ce soir-là une preuve foudroyante. Alors qu'il affiche un physique on ne peut plus viril, qui plus est, grimé en sosie de Madame Doubtfire, on a tôt fait de l'oublier tant celui-ci se meut avec grâce. Il sait porter ce récit avec beaucoup d’élégance et de légèreté.
Le pitch? Il faut se méfier du titre de la pièce qui pourrait faire croire à un mauvais vaudeville. Le texte est grave. Il raconte les courses hebdomadaires que Marie-Pierre fait pour son père à Monoprix, d'où le titre.. Ces rendez-vous ne se passent pas toujours très bien, car malgré la sollicitude de Marie-Pierre, le père a du mal à reconnaître en elle le fils qu’il a aimé autrefois, lorsqu’il était un garçon et qu’il s’appelait Jean-Pierre.
En beaucoup de points, la pièce m'a rappelé "La Vie devant soi" d'Emile Ajar même si l'histoire est différente. Peut-être parce que Marie-Pierre et Madame Rosa ont en commun un grand humanisme et savent en toutes circonstances, faire le don de leur temps, voire même de leur vie.
A ne pas manquer si des représentations ont lieu près de chez vous.