On ne boit pas les rats-kangourous de Estelle Nollet

Par Aucoindulivre

ACDL fait sa rentrée et souhaite mettre en avant chaque semaine un ou plusieurs ouvrages qui paraîtront ou qui sont parus dans le cadre de la rentrée littéraire.

Aujourd’hui, On ne boit pas les rats-kangourous d’Estelle Nollet.

C’est peut-être ça l’enfer. Être cloîtré avec des estropiés à la Beckett, de la poussière comme paysage et de l’alcool comme seul avenir. “La plus belle chose à faire ici c’est de boire”. Alors ils boivent. Comme des trous. Ils sirotent pas. Ils font ça cul sec. Où qu’ils aillent ils se retrouvent au même endroit. Comme une boucle sans fin qui les mène irrémédiablement dans ce bar miteux, dans ce bled. Le Nord c’est ici, le Sud c’est ici, l’Est et l’Ouest… Pas d’autre horizon que cette saleté de montagne. Ils ont tous atterri là pour des raisons différentes mais au fond ils veulent tous oublier ce qu’ils ont fait avant. Il y en a un pourtant qui se demande bien ce qu’il fout là : c’est Will. Lui, il n’a pas à oublier l’avant puisqu’il est né dans cet Enfer. L’alcool les animalise, les rend fous, bêtes ou criminels. Il les enchaîne.

Ce roman souvent rapproché de La route de Cormac McCarthy à juste titre est encore plus sombre. Estelle Nollet crée un environnement glauque et crade, sans espoir. Les naufragés finissent par se noyer dans leur verre sans lutter pendant très longtemps. Cependant l’attente avant un quelconque mouvement de rébellion est peut-être un peu longue. Même si elle est nécessaire à l’atmosphère pesante du roman, on ne peut s’empêcher de trouver l’éternité… longue.

On note certains thèmes récurrents dans les rentrées littéraires récentes : cet attrait qu’ont les auteurs pour le sexe, la drogue, l’alcool et la dureté. Sans aller jusqu’à demander des contes de fées ou de la légèreté à tout prix n’y a-t-il le choix qu’entre très niais ou très dur?

Mathilde