Le 12 décembre 2006, Jacques Masdeu-Arus, député de la 12° circonscription des Yvelines depuis le 13 juin 1988, a été condamné en première instance à 2 ans de prison avec sursis, 150 000 euros d'amende, 5 ans de privation des droits civiques et 10 ans d'inéligibilité pour corruption passive et recel d'abus de biens sociaux. Après l’appel, jugé le 4 avril 2008, l’amende a été ramenée à 75 000 euros. Le 20 mai 2009, la Cour de cassation a rendu cette condamnation définitive. Par sa décision n°2009-20 D du 6 août 2009, le Conseil constitutionnel a déchu M. Masdeu-Arus de son mandat de député. Il a donc été nécessaire d’organiser une législative partielle les 11 et 18 octobre pour élire son successeur.
Avant 1986, les Yvelines ne comportaient que 8 circonscriptions. Il est donc malaisé de remonter auparavant mais, depuis cette date, cette circonscription a toujours élu un député de droite, qu’il soit RPR ou UMP. Il n’y a donc rien d’exceptionnel, étant donné sa composition sociologique, qu’elle élise un homme de ce parti. On peut remarquer aussi que, dans ce domaine, si l’électeur choisit un parti, il se détermine également en faveur d’un homme. Ceci explique que M. Masdeu-Arus, maire de Poissy depuis 1981, ait conservé son siège de député pendant 23 ans et que, bien plus, respectant beaucoup mieux la présomption d’innocence que certain Président de la République, les électeurs de sa circonscription n’aient pas hésité à le réélire en 2007 après sa condamnation en première instance.
Outre la notoriété incontestable que lui ont attirée ses performances sportives, David Douillet a su conserver une forte visibilité avec sa participation à l’opération Pièces jaunes menée depuis des années par Madame Chirac. Même si, selon les aboyeurs du régime, le monde médiatique se plaît à transformer la moindre rumeur en scandale, il n’a guère été prolixe sur le montant des frais dépensés dans ces opérations de collecte. Pourtant, plusieurs faits ont amené la Cour des comptes à lancer un audit exceptionnel, qui va vérifier notamment les frais de fonctionnement de la fondation des Hôpitaux de Paris, qui reçoit et utilise les fonds de l’opération Pièces Jaunes. Mais l’affaissement du sens moral est tel que, loin d’être un handicap, la suspicion d’une malhonnêteté devient un avantage. L’électeur de base pense : « Ah, c’est un malin, il va bien savoir se débrouiller et décrochera pour nous subventions, crédits, aides de l’Etat, etc... ».
Il est d’autre part saisissant de constater comment une élection locale et défendue comme telle par un si sympathique Douillet est, une fois gagnée, célébrée comme un succès d’ampleur nationale. Celui-ci prouve que l’électorat ne se laisse pas influencer par tous les scandales créés par le monde politico-médiatique, pas vrai M. Lefebvre ? Avec toute son image de champion olympique, de bon garçon charitable, de gros nounours, dans une circonscription à droite depuis sa création, David Douillet obtient 12 203 voix sur 71 732 inscrits soit 17%. C’est trop, je défaille, voilà un élu qui a fait l’unanimité ! Au lieu de se glorifier d’un résultat aussi pitoyable, le vainqueur, et peut-être aussi ses adversaires, feraient bien de se demander pourquoi, alors qu’on invite les électeurs à choisir un nouvel élu après que le précédent eut failli, moins d’un tiers d’entre eux s’expriment.