Pour la Gauche le piège est patent. Pourquoi ? Parce que l'influence du PS et de ses alliés se mesure au nombre d'élus dans les collectivités territoriales. Dans les communes, les départements et les régions, le PS est puissant. En préconisant un scrutin à un tour, le président de la République veut piéger la Gauche parce qu'elle est multiple et parce que la Droite se résume à un parti unique. Il sera en effet difficile, voire impossible, d'empêcher les candidatures multiples des Verts, du PS, du Front de Gauche, du NPA, etc. à moins qu'une lueur rende très intelligents les responsables desdits partis. Avec 30 % des voix, le candidat arrivé premier sera élu même si le total des voix de Gauche dépasse les 50 % ! Nous entrons dans l'ère de la majorité relative.
La diminution du nombre d'élus pour raison d'économie est un faux prétexte. Les indemnités d'élus représentent 0,2 % des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Les Français doivent donc savoir que le véritable projet de Nicolas Sarkozy est de limiter les compétences des régions et des départements qu'il juge trop importantes et redonner plus de pouvoir aux préfets. Il veut favoriser les communes (pourtant regroupées dans l'intercommunalité à 95 %) et les métropoles de plus de 450 000 habitants. Le maire de Louviers va peut-être comprendre, sous la contrainte extérieure, l'intérêt de rejoindre le Grand Rouen.
L'avènement de ce scrutin à un tour cache aussi un autre projet : faire élire les députés en un seul vote pour laminer la Gauche ! On a bien vu lors du redécoupage de M. Marleix, que la Droite (avec le mode de scrutin actuel) sera très avantagée. Il faudra que la Gauche obtienne 51,4 % des voix pour avoir la majorité à l'Assemblée nationale. Un récent article du journal Le Monde expliquait bien comment les ciseaux de M. Marleix avait découpé des circonscriptions pour désavantager la Gauche et…avantager la Droite. Le spécialiste UMP chargé des élections en a même profité pour régler des comptes avec des candidats de la majorité jugés comme étant récalcitrants. Mais le rédécoupage peut lui revenir à la figure. En 1986, Charles Pasqua en a su quelque chose.
Reste la réforme fiscale globale. L'hyper-président a redit ce matin que les impôts locaux étaient injustes. Mais l'homme du bouclier fiscal et du paquet fiscal peut-il être crédible quand il dit vouloir s'attaquer aux inégalités ? La Gauche ferait bien de s'organiser, d'échanger, de s'accorder car une Gauche prévenue en vaut deux.