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Si je me suis penchée sur l’insertion professionnelle des handicapés dans les entreprises de prestations intellectuelles, c’est pour attirer votre attention sur leurs résultats plutôt médiocres. En effet, le taux d’emploi de personnes handicapées atteint seulement 0,58% dans le secteur, alors que la moyenne tous secteurs confondus est de 2,9%. Par ailleurs, on observe que 47% des sociétés d’informatique ne comptent aucun salarié handicapé ni aucune collaboration avec des structures adaptées. Cette carence en termes d’insertion professionnelle est d’autant plus surprenante que les conditions de travail dans ce milieu sont plutôt adaptées aux handicapés. On est donc en mesure de se demander si ces sociétés sont vraiment indifférentes à ce problème ou alors si de réels freins surviennent dans l’embauche d’une personne handicapée.
A vrai dire, les réponses à ces questions sont plus nuancées. Il ne fait aucun doute qu’une majorité des entreprises de prestations intellectuelles ne mènent aucune action en faveur des handicapés, et ce malgré les pénalités qu’elles encourent. La loi de 2005 sur l’emploi des personnes handicapées impose un taux de 6%. Il faut savoir que pour avoir dérogé à cette loi, les sociétés d’informatique ont dû verser la somme non négligeable de 25 millions d’euros en 2007. Ces entreprises invoquent soit la méconnaissance de cette loi, soit la pénurie de candidats. Il est vrai que le manque de candidats au profil adapté pour le secteur est un réel obstacle, car très peu de personnes handicapées (voir graphique) poursuivent un cursus universitaire, or le recrutement dans la prestation intellectuelle se fait au minimum à partir de BAC+2.
Répartition de la population handicapée en France en 2007, selon le niveau d’étude suivi . Source : Etude de la DRESS pour le ministère de la santé
Cependant des grandes sociétés du secteur donnent l’exemple.
Des sociétés comme IBM, Capgemini, Oracle Informatique, ou encore Logica mettent en œuvre une réelle politique dans l’insertion des handicapés au sein de leur service. Elles organisent des journées de recrutement spécialisées, des formations en alternance, des campagnes de sensibilisation auprès des managers et des salariés, etc.
Il est aussi important de mettre en lumière le combat de Handle IT, une SSII dont les salariés sont exclusivement des handicapés. En effet, les fondateurs de cette société, sensibilisés par ce problème, ont décidé d’y remédier en mettant en relation les ingénieurs et informaticiens touchés par un handicap avec les sociétés désireuses de mener une politique de recrutement plus solidaire. Par ailleurs, les facultés et les grandes écoles d’ingénieurs et informatique se mobilisent pour mettre en place les infrastructures d’accueil de personnes handicapées.
Dans la conscience collective de la profession, il semble qu’embaucher une personne handicapée est synonyme soit de surcoût soit de manque d’efficacité : clichés encore tenaces et bien paradoxaux pour un secteur qui symbolise le renouveau et l’avancée. Une enquête de l’Agefiph démontre que de manière générale ce sont les entreprises qui n’emploient pas de personnes handicapées qui gardent une opinion très négative à leur intégration professionnelle.
Enquête d’opinion sur la satisfaction liée à l’embauche d’une personne handicapée. Source : Agefiph en 2007
Et pourtant, les mentalités changent, les salariés eux ont un sentiment beaucoup plus positif à l’idée de collaborer avec une personne atteinte d’handicap.
Enquête d’opinion auprès des salariés au sujet de la collaboration professionnelle avec une personne handicapée. Source : Agefiph en 2007
Ainsi, rompre les préjugés devient important en cette période de remise en question du système. Chaque acteur de la profession, à son échelle, peut s’impliquer sur ce sujet et devenir un exemple de « vertu »… Bon, le mot est certes un peu fort disons plus modestement un citoyen moins individualiste.
Et cela peut commencer dès à présent : faites-nous part de votre implication dans la cause ou de vos idées pour que les entreprises de prestations intellectuelles soient à la fois à l’initiative d’avancées technologiques mais aussi de plus d’humanisme.