Petite réflexion - plutôt littéraire - venue de l'usage de Twitter.
En particulier d'une phrase qui, pendant que je la traduisais, à retenue mon attention par son évidente évidence - de mémoire - : tout ce que vous publiez sur Twitter est vu par le monde entier.
Ceux qui sont familiers de ces usages n'y accordent sans doute même plus d'attention (ou, trop, pour certains!).
Je ne veux pas jouer ici du côté des croyants en la "technologie magie", non, surtout pas. D'ailleurs, il ne s'agit pas de "croire", mais de penser (ou d'essayer de).
Pour certains, cela fait partie des sujets rabâchés, pour d'autres d'un argument en faveur de l'évangélisation de cette ère numérique (l'inverse étant aussi valable comme contre argument).
Ainsi en va-t-il souvent de ces changements de fond qui bouleversent la façon dont nos sociétés sont structurées.
Comme tout va très vite dans le flux de ce qui nous entoure, je voudrais juste m'attarder - le temps de ce billet - sur cette notion.
Connaissez-vous, dans l'histoire de l'humanité, quelque chose de similaire? C'est-à-dire, un outil (inventé par l'homme), dont l'usage permet de porter la voix sur une distance de plus de 40.000 kilomètres (circonférence de la terre), en temps réel, depuis n'importe quel point (ou presque) de la planète?
C'est tout simplement... révolutionnaire!
Parfois, c'est vrai, je suis encombrée par le flot des voix, des nouvelles, des prouesses technologiques, des tsunamis, des citations, des photos, des vidéos, des annonces en tout genre qui défilent si vite, grand reflet de l'humanité dans tout ce qu'elle a de pire et de meilleur.
Mais, c'est aussi extra-ordinaire. Au sens premier. Je ne veux pas perdre cet émerveillement. Nous avons maintenant la capacité d'être reliés, d'être engagés, comme nous ne l'avons jamais été auparavant.
Passée l'explosion de joies, de cris et de fureurs, d'expansionnisme ou d'inflationnisme, qu'allons-nous faire de ceci? Passée ce besoin de parole, si longtemps contenu, qui se répand et s'épanche, qu'est-ce qui sera construit sur ces bases?
Je n'ai évidemment pas les réponses. Tout ce que je peux faire, c'est poser des questions et, chercher.
Chercher dés à présent ce qui se construit, ce que cela modifie pour moi-même: identité numérique nouvelle et tâtonnante...
Chez les littéraires (dont je fais partie), on penserait facilement à l'écrivain J.L Borges: labyrinthes et reflets de la réalité, ici, les métaphores ont un beau terrain de jeu! Chez les sociologues certains regardent de plus prés ces "nouveaux usages": il va falloir attendre un peu avant d'obtenir des études qui portent sur des échantillons de population vraiment significatifs. Idem pour les scientifiques: telle étude indique les bienfaits de l'usage d'Internet sur le cerveau, telle autre son contraire, mais, à de petites échelles. Les experts quand à eux mènent grand train et sont bien utiles dans leurs conseils avisés et leurs méthodologies appliquées.
Et, en attendant (la suite), il y a beaucoup d'opinions (comme ce que je suis en train de faire en écrivant ce billet). Qu'importe, ou il importe, c'est selon.
Tout ce que vous publiez est maintenant vu par le monde entier.
Bienvenue dans l'ère numérique.
Photo du spectacle: Bonhomme Tiroirs.