Le vent du boulet est passé si près de leurs oreilles qu’à peine tremblant encore de la «punition» redoutée ils se ruent sur les médas forcément coupables du désaveu de deux-tiers des Français irrités par tous les scandales à répétition en quinze jours. Dieu ! Que notre pays serait plus beau avec des médias totalement «à la botte» et des citoyens parfaitement endoctrinés. Décervelage garanti : notre «temps de cerveau disponible» aliéné à Sarko-Cola ! Mais nous savons le Français de tout temps rouspéteur et rebelle par nature ! Quand bien même «veauterait»-il parfois à l’encontre de ses véritables intérêts. Pas question de subir en silence !
Douillet élu, ils se rassurent à bon compte. Et Frédéric Lefebvre de voler dans les plumes des journalistes. Hier soir, avant de fermer boutique pour un sommeil réparateur, je tombe sur un article fort réjouissant de Régis Soubrouillard sur Marianne : Aphatie, Demorand, Duhamel, la clique des lève-tôt qui fait trembler la Sarkozie. Dans la ligne de mire de l’UMP : internet qui a bouleversé les règles du jeu médiatique. Ainsi Jacques Ségala – «incarnation de la pensée primitive», dixit Régis Soubrouillard – avec son désormais fameux : «Internet est la plus belle saloperie inventée par les hommes»… après la pub ! ironise le journaliste… mais ajouterais-je, il est fort possible qu’internet ait également cassé certains ressorts de la pub… Mercantile ou gouvernementale.
Or, ce matin en parcourant ma boîte, je m’aperçois que cette nouvelle polémique fait des petits dans la presse. Dans 20 minutes, deux articles : Frédéric Lefebvre «dit n’importe quoi», propos tenu par le journaliste Jean-Michel Aphatie - qui défend son honneur de journaliste - en réponse à Frédéric Lefebvre qui accusait l’ensemble des journalistes d’avoir traité Frédéric Mitterrand de «pédophile»… «Je dis jamais n’importe quoi» aurait répondu le porte-parole de l’UMP – précisément connu pour l’ouvrir plus que nécessaire et à tort et à travers.
Ainsi sommé par Jean-Michel Aphatie de donner le nom d’un seul journaliste ayant embrayé sur les déclarations de Marine Le Pen, il eut cette invraisemblable réponse : “Mais, attendez, je ne vais pas en citer un, c’est tout le monde ou presque”, affirmant que les médias cherchent à viser en permanence Nicolas Sarkozy. Je ne sais quelle presse lit Frédéric Lefebvre chaque matin – pour le porte-parole de l’UMP, mieux vaudrait qu’il se tienne informé… - mais pour avoir soigneusement épluché la presse aussi bien quotidienne qu’hebdomadaire sur ce sujet, je peux assurer que nulle part je n’y ai vu Frédéric Lefebvre accusé de pédophilie.
Il prend certainement des vessies – les médias, à la remorque du net ! remplaceraient l’oppostion politique - pour des lanternes et ses rêves – écraser la presse libre – pour la réalité.
Le second article de 20 minutes Attaque du gouver-nement contre les médias: «Un aveu de faiblesse du pouvoir» est une interview d’Eric Maigret, professeur de sociologie des médias à Paris-III.
Laure de Charrette l’interroge sans concession sur l’impact des affaires et polémiques qui ont troublé le Landerneau de la politique et des médias ces dernières deux semaines : «Le passé sexuel exhumé de Frédéric Mitterrand, la probable nomination de Jean Sarkozy, le racisme présumé de Brice Hortefeux, la double casquette de Rachida Dati au Parlement européen: des «affaires» fabriquées par des journalistes calomnieux ?» et sur les «diatribes anti-médias proférées par des têtes pensantes de l’UMP» ces derniers jours, alors que Frédéric Lefebvre vient de dénoncer sur RTL «un monde politico-médiatique qui cherche par tout moyen à détruire le président de la République», précisant qu’il vise «tous» les médias «ou presque» sans distinguo et que samedi déjà, Xavier Darcos (Travail) pointait la «calomnie médiatique», avant lui, Fillon, Yade et Bertrand avaient déjà vilipendé les rédactions…
Pour Eric Maigret, il s’agit à l’évidence d’une tentative de diversion : «quand le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt» ! visant à créer dans l’opinion publique le sentiment d’un «lynchage médiatique» pour se poser en victime : «Utiliser les médias comme boucs émissaires, c’est une stratégie classique quand on est gêné aux entournures. C’est en fait un aveu de faiblesse. Sarkozy est dépassé par les évènements, il prend conscience qu’il perd la main sur l’agenda, au profit des médias. Ceux-ci profitent de la fin de l’état de grâce, perceptible à mi-mandat dans les sondages, et s’autorisent davantage de critiques à l’égard des anomalies du pouvoir.»…
Il écarte toute «théorie du complot» ou connivence entre journalistes destinées à «faire trébucher ou tomber Nicolas Sarkozy» lequel est assurément tout à fait capable de se prendre tout seul ses courtes pattes dans les tapis et chausse-trappes qu’il met en place sans même se douter un instant qu’ils lui deviendront autant de pièges redoutables.
Il suffit de lire l’ensemble de la presse quotidienne et hebdomadaire - tous horizons politiques confondus - pour se convaincre qu’il ne saurait exister nulle collusion entre les journalistes, qu’il s’agisse de dénoncer le népotisme de la nomination de «Prince Jean» à l’Epad ou de pointer «les dossiers qui font tanguer l’UMP», leitmotiv de ces derniers jours.
Bien méchants les journalistes du Monde qui viennent de se rendre coupables d’une nouvelle «vilenie» - Frédéric Lefebvre dans le texte ! Lefebvre persiste à dénoncer les “vilénies” titre le Figaro - et qui sont allés chercher dans les poubelles archives de Bakchich et MonPuteaux de Christophe Grébert une autre «affaire» politico-médiatique qui pourrait bien devenir une nouvelle «casserole» De graves anomalies comptables pour l’EPAD sous la présidence de Nicolas Sarkozy éclairant sous un angle prévisible la nomination de Mgr Le Grand Dauphin à l’Epad. Je reviendrai sur la lamentable confusion commise par Jean Sarkozy entre le cétacé et le titre de «Dauphin» porté par le fils aîné du roi, destiné à lui succéder sur le trône.
Je trouve bien plutôt réjouissant de voir les journalistes reprendre leur indépendance alors qu’il fut un temps – de longs mois après l’avènement de Sarko 1er sur le trône de l’Elysée – où ils furent prisonniers de la tactique de «l’agenda médiatique» de Nicolas Sarkozy, courant ventre à terre pour ne pas risquer de manquer un «scoop». L’agenda médiatique de Nicolas Sarkozy a fait long feu et s’il crée «l’événement» c’est désormais plus généralement par ses «bourdes» !