Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire souventes fois, depuis plus de 3 ans que je parcours quasi tous les matins la newsletter de 20 minutes – c’est la première qui tombe, vers 6 h – j’ai été bluffée par la qualité de la plupart des articles. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un quotidien financé par la pub – comme si la majeure partie des recettes de la presse quotidienne et hebdomadaire ne provenait pas de la pub ! – qu’il n’est pas écrit par des journalistes qui ont la même carte de presse. Et je n’hésite pas à dire qu’ils font un travail remarquable et souvent très didactique.
Si ces intellos vivaient comme moi sur la Planète pauvre, ils sauraient que nombre de personnes n’ont pas les moyens d’acheter un quotidien. Et la dureté des temps ne peut qu’accroître le phénomène. Doivent-elles être pour autant privées d’informations écrites ? Si je n’y avais mon blog, il y a longtemps que j’aurais supprimé mon abonnement au Monde. Pour certains, 30 euros par mois, c’est une bouchée de pain. Pour moi, c’est le pain.
J’en reviens à ma tête de Turc du moment, l’incroyable «Prince Jean» qui vient de donner ses notes universitaires . Il restera à prouver qu’elles sont exactes et qu’il n’est pas – comme son Papa ! – «de la cravate» ! Comme les notes sont en principe affichées – du moins l’étaient-elles au moment de mes études – il y aura bien quelques personnes susceptibles de les confirmer ou non. «Vous pouvez vérifier» dit-il. «Reste que, pour l’instant, il n’a pas présenté ses bulletins de note» ironise le journaliste de 20 minutes.
Tout cela me laisse fort perplexe. Je n’arrive d’ailleurs pas très bien à comprendre sous quel régime il est inscrit. En février dernier, j’avais lu sur un article du Parisien Jean Sarkozy a passé ses examens de droit qu’il bénéficiait d’un statut dérogatoire – le contrôle final – qui lui permettrait de «se dispenser des cours à l’année»… Pour autant que je sache, l’assistance aux cours n’est pas une obligation même si elle est fortement conseillée. J’ai connu nombre d’étudiants salariés qui ne venaient qu’aux TD et qui photocopiaient les notes de cours d’autres étudiants.
En revanche, l’assistance aux TD est obligatoire sauf précisément pour les étudiants qui bénéficient du «contrôle final» mais à ma connaissance, si les mots ont encore un sens, ils ne passent pas les partiels… A moins que les choses aient changé depuis 14 ans.
Ainsi, je suis également fort surprise qu’il parlât d’UV alors que les facs de droit – du moins pour ce que je connais, Villetaneuse et le Panthéon-Sorbonne – ne reconnaissent pas les UV. On passe l’intégralité des matières et si l’on n’obtient pas la moyenne, c’est le redoublement, sans pouvoir bénéficier du report des notes… Seule exception à ma connaissance, les étudiants admis à étaler deux semestres sur deux ans pour des raisons médicales ou professionnelles…
Il me semble bien que les journalistes se fassent mener en bateau par Jean Sarkozy, sans aucune vérification. Il devient néanmoins la risée des juristes comme j’ai pu le lire sur un article du Post Jean Sarkozy a-t-il enjolivé la vérité sur ses études de droit ? . Qui a repris des commentaires de juristes parus sous une interview de Jean Sarkozy dans Le Point.
Il parle en effet de «droit immobilier» - où il aurait obtenu 19/20 - alors que cette matière est une spécialisation qui ne s’enseigne pas avant la 4e voire la 5e année… Il confond ou fait semblant avec «le droit des biens» qui traite de la classification des biens immobiliers et mobiliers, du droit de propriété, des servitudes, etc.
Tous pensent qu’il parle de droit immobilier pour justifier sa compétence à diriger l’Epad. Un peu juste ! Même si l’on aborde dans le droit des biens – de façon tout à fait superficielle – les expropriations. Autrement plus utile, pour le poste auquel il prétend postuler : le droit de l’urbanisme ! Mais il lui faudrait atteindre la… 4e année et choisir l’option droit public. En licence de droit public, il aborderait entre autres les «travaux publics» et les questions relatives au «domaine public» sous l’angle du contentieux administratif.
Et là aussi, on ne peut rester dans «l’à peu près»… Je ris en lisant sur un blog trouvé sur Google Jean Sarkozy, étudiant prétexte. une anecdote assez significative de son dilettantisme : il fait un expo en droit administratif et selon une ancienne condisciple, «il étala avec brio ses talents d’orateur» mais quand il eut terminé, douche froide ! la prof concluant : «c’est très bien, mais totalement hors-sujet !»… Il est comme «Papamafait», pensant qu’avec la tchatche, on peu se sortir de tout. Mais le droit est une matière exigeante où chaque mot a un sens précis et ne peut se substituer à un autre.
Je me demande d’ailleurs comment on peut être «hors sujet» quand on prépare un expo. Quand bien même n’assisterait-il pas aux cours, il y a suffisamment de livres, de revues, sans oublier le GAJA. Au niveau du droit administratif en 2e année de droit ce n’est quand même pas si difficile de cerner un sujet et de développer. Mais il faut beaucoup de travail, de recherches documentaires et d’assiduité. Peut-être même d’humilité ?
Il se targue donc d’avoir obtenu 19/20 en droit civil et en droit immobilier, 14/20 en finances publiques et un tout petit 11/20 en histoire des idées politiques. Il tait les autres notes ou ne les a-t-il pas passées ? Impossibles à déterminer : «Je présenterai les quatre matières restantes lors du prochain contrôle, à la mesure de mes disponibilités. Et dans un an et demi, j’aurai ma licence !». Ou alors, jouirait-il là aussi, vraiment d’un régime “à la carte” voire «de faveur» !
Quant à la note très médiocre en histoire des idées politiques - matière pourtant passionnante - je n’en suis guère surprise. Trop intellectuelle et pas assez utilitaire pour lui !