Dans le but de vous présenter d’autres approches culturelles de l’entreprise et de l’entrepreneuriat, je vous avais parlé il y a quelques mois de l’innovation de prix en Chine. Depuis, Jaya Kumar a démarré une série d’articles sur le site MyBengalore pour présenter comment l’Inde met en pratique l’innovation de business model. Je saute donc sur cette occasion pour vous proposer une traduction libre de ces articles passionnants.
Le premier article présente RangDe, un organisme de micro-finance qui a pour but de fournir un soutien en terme de crédit, à des clients particuliers ou professionnels normalement jugés insolvables. Dans ce système, des montants très limités (quelques euros parfois) sont prêtés, ou épargnés. D’autres services sont aussi proposés, comme de la micro-assurance ou des moyens de transferts d’argent adaptés aux échanges fréquents de micro-montants. Typiquement des activités très modestes sont ainsi favorisées, comme de la vente de légume en bord de route, de la réparation de vélos… Des personnes pauvres peuvent ainsi trouver un support financier pour engager un processus économique qui leur permettra de stabiliser une source de revenus. Dans un processus de prêt classique et de par le risque impliqué, les intérêts seraient sur-dimensionnés et ne pourraient être remboursés
Ces micro-prêts sont par ailleurs associés à des formations élémentaires pour transmettre des concepts simples concernant la gestion de ces petites activités professionnelles. C’est Muhammad Yunus, économiste bangladais, qui théorisé et mis en pratique cette approche avec la Grameen Bank à la fin des années 70. Le pivot de la stratégie de la micro-finance démontrée par le Dr Yunus, est qu’en dépit de ce que l’on pourrait imaginer le risque de ces opérations de prêt est très faible : du fait de l’implication des personnes à qui les prêts sont accordés, les taux de remboursements constatés sont très largement supérieurs à ceux de prêts classiques.
- L’organisme de micro-finance RangDe a lui-même innover sur ce principe maintenant bien connu, en proposant à de petits investisseurs individuels de participer avec trois règles simples :
- Chacun peut être un prêteur ou un investisseur social dans un mode de particulier à particulier ( »peer-to-peer »).
- Un site internet fait disparaître la friction bancaire et bureaucratique en présentant le profil et le projet de chaque demandeur de micro-crédit, et en permettant au prêteur de le sélectionner et de réaliser la transaction en ligne. Le suivi des remboursements est de la même façon, assuré en ligne.
- RangDe est associé sur le terrain à des organisations sociales indépendantes supportant les petits professionnels locaux, assurant ainsi un suivi pratique et adapté des activités ainsi financées.
- Un modèle économique solide est maintenu tout au long de cette chaîne avec une partie des intérêts garantie pour le micro-investisseur, et une autre partie reversée aux organisations de terrain.
Pour ceux qui sont maintenant habitués à notre approche globale de l’innovation, vous aurez probablement compris que RangDe joue sur deux parties de leur business model : la méthode de distribution et le soutien par des partenaires stratégiques sur le terrain, pour proposer une innovation « ouverte » dans un schéma financier maintenant bien établi.
En France le micro-financement apparaît bien entendu dans le domaine social (notre précèdent article présentait Babyloan), mais aussi dans d’autres secteurs comme celui de la musique avec My Major Company. Je me demande aujourd’hui qui aura le premier le réflexe de connecter cette approche d’ouverture au grand public du micro-financement et de la nouvelle loi TEPA, défiscalisant les investissements dans les TPE et PME pour les particuliers…