Deuxième considération incongrue : alors que le gouvernement s’inquiète non sans raison des dégraissages en cours et à venir dans les entreprises, et de leurs impacts en termes de consommation des ménages (un des seuls moteurs de la croissance restés allumés en France), certaines répliques qui restent à venir semblent ignorées ou passées sous silence.
Il faut concéder qu’elles ne devraient pas produire les mêmes drames humains que les plans sociaux dans des bassins d’emploi mono-activité sur le déclin...
Ainsi, manifestation symptomatique des excès induits par la bulle financière des années deux mille, les galeries d’art avaient fleuri un peu partout dans les sites touristiques, d’abord sur la Côte d’Azur, puis en Dordogne et dans le Lubéron avant de gagner la Bretagne à Dinard et Saint-Briac (il s’en est même ouverte une à Saint-Jacut de la Mer, qui connaît Saint-Jacut de la Mer ?).
Il fallait bien que les monceaux de capitaux produits par la situation d’hyperliquidité mondiale trouvent à s’employer et à s’investir. Après que les prix de l’immobilier, des actions et des obligations, des matières premières eurent été poussés à la hausse de 2003 à 2008 par l’afflux de liquidités, ce fût au tour des œuvres d’art, des grands crus ou encore des droits de retransmission télévisée de voir leur prix s’envoler.
Les galeries qui arrivaient à vendre les croûtes du premier Gribouille venu, surtout quand elles étaient installées à Saint-Paul de Vence ou à Gordes, et la reconnaissance accordée à certains de ces prétendus artistes risquent fort de ne pas survivre à l’éclatement de la bulle financière.
Autre conséquence symptomatique de la transformation en vaste casino de la planète bancaire et financière et de l’argent dégoulinant : les escort-girls ont proliféré ces dernières années (trente cinq mille pages recensées par Google pour les termes de recherche « escort girl Paris » avec les guillemets) grâce à la fois à la diffusion d’Internet et aux rémunérations exorbitantes qui permettaient à certains de payer trois cents euros (presque un tiers de SMIC mensuel…) pour passer une heure avec une escort girl.
Conséquence certes moins visible que les gros 4 x 4 qui ont envahi les rues ces dernières années, sans doute parce que moins avouable...
Il ne s’agit pas ici de porter un jugement moral sur ce phénomène (la polifération des escort girls, pas celle des 4 x 4...) Je laisse cela aux autorités bien-pensantes. Il s'agit seulement de faire le constat et l’analyse sur le strict plan économique de cette augmentation de l’offre dans le plus vieux métier du monde. Heureusement, les vicissitudes de la conjoncture économique devraient venir au secours des tenants de l’ordre moral en décourageant un certain nombre de vocations d’escort girls.
Voire. Parce qu’à voir ce que continuent de gagner les joueurs de foot, dont les salaires mirobolants ne semblent pas subir l’effet de la crise (peut-être après la prochaine attribution des droits de retransmission…) ou les bonus que s’apprêtent à encaisser de nouveau les traders et autres arbitragistes pendant que le chômage ne finit pas d’augmenter, on peut se demander si la crise a servi à quelque chose.