Beau samedi froid et ensoleillé pour aller voir les sculptures du jardin des Tuileries.
Je résiste à la tentation de prendre la trop facile photo d’un balayeur noir avec sa petite poubelle sur roulettes contempler dubitativement les papiers froissés de Wang Du, et j’arrive au bassin central où Claude Lévêque a installé un vieux TUBE Citroën comme ceux des épiciers de village de mon enfance, entouré de réverbères submergés. Dans la camionnette, un lustre en cristal étincelle de mille feux. Cet artiste me surprend à chaque fois (ici et là, entre autres) par sa capacité à créer une atmosphère magique avec trois fois rien. Mon repos aux Tuileries était clairement l’attraction de l’après-midi et j’ai photographié les gens la prenant en photo plutôt que la pièce elle-même (protégée par l’ADAGP).
Un peu plus loin, dans un bassin, les poupées Pascale de Pascale Marthine Tayou, les pieds dans l’eau, sont habillées de hardes, d’oripeaux, de débris. Veut-il représenter l’Afrique à Paris, la confrontation entre matériaux pauvres et marbre des statues ? Mais il les dénomme aussi Les sauveteurs; notre salut passe par là, par ce dialogue qu’il instaure.
Enfin, tout au bout, Priscilla de Joana Vasconcelos est un escarpin élégant et géant fait de couvercles et de faitouts. L’artiste portugaise revisite avec talent la tension entre élégance et domesticité, entre être et paraître, entre féminité et maternité, comme elle le fit magistralement avec sa Fiancée.
Un peu las après cette semaine marathon, l’amateur d’art rentre chez lui; il n’ira pas aux Elysées de l’art, tant pis.
Photos de l’auteur. Claude Lévêque copyright ADAGP.