Le gnostique cherche une victoire sur la mort à l’intérieur même du temps. C’est exactement ce que je fais, comme Roland Barthes a bien voulu s’en rendre compte dans Sollers écrivain, lorsqu’il évoque ce qui est en jeu dans Drame comme un « éveil » qui serait un « temps complexe, à la fois très long et très court ». « C’est un éveil naissant – dit-il -, un éveil dont la naissance dure. » Le savoir de la résurrection comme seconde naissance se donne et se redonne sans arrêt. Il n’est jamais acquis. On peut le définir très exactement comme une « naissance qui dure ». Le temps qu’on nous inflige n’est pas celui que je dis. Ne croyez pas là une formule, mais la ligne de risque de mon existence. Je n’en ai jamais eu d’autre. Et c’est ce qui, dans mon cas, restera inexpiable pour le Gros Animal qu’est la société.
(Philippe Sollers, LIGNE DE RISQUE, n°24, 2009)