Il n'y a pas longtemps, le Pas-très-haut-gesticulant, en pleine campagne, affirmait : « si je suis élu, je m'en vais te karcheriser tout ça, que ça ne va pas traîner. » Il parlait racaille. A peine parvenu à la mi-mandat, outre avoir versé des milliards aux banques pour qu'elles récupèrent le bénéfice qu'elles n'ont jamais perdu, suite à la crise qu'on connaît, les banlieusards dorment toujours au rythme d'un quotidien identique à celui qui était le leur avant les menaces de Nicolas S.
Lors de sa prise de fonction, emporté par sa logorrhée, il avait menacé ses ministres d'un système de notation semblable à celui que nous avons dans les établissement scolaires. Idée vite abandonné compte-tenu de la qualité de son corps ministériel. Quelle note pour Frédéric Lefebvre ? En fonction de quel critère ? Et Luc Chatel, combien ? J'ai le sentiment d'être soudain transporté sur le trottoir d'une rue chaude de la capitale !
Si le ridicule ne tue pas, par bonheur il fait ricaner. A défaut d'avoir du travail, il nous reste un assez grand stock de sarcasmes, dans lequel viennent puiser les pays voisins si nécessaire. Les français ont toujours su faire preuve d'imagination. De ce point de vue nous ne manquons pas de ressources. Un homme, seul, un quasi malvoyant, ridiculise la police et le chef des armées, Nicolas Sarkozy en personne. Cet homme, embastillé aujourd'hui en goguette, ayant réussi à s'évader de prison dans des conditions rocambolesques, au lieu de se terrer quelque part en attendant l'accalmie, de se chercher une autre identité, il a l'audace de se balader dans le pays se faisant passer pour Brice Hortefeux. Cet homme, Jean-Pierre Treiber, s'est révélé excellent épistolier et pas trop mauvais photographe. Des magazines tels Marianne, Paris-Match ou le Figaro-Magazine s'arrachent ses missives ainsi que les clichés. L'homme se disant innocent, il est évident que si d'aventure la justice venait à le déclarer tel, il n'aurait aucun problème de reconversion.
Selon des sources proches du dossier certains policiers, saisis par une variante du syndrome de Stockholm, éprouveraient pour ce citoyen une sympathie dépassant le cadre de leur fonction. Ces policiers anonymes, cagoulés, donneront prochainement une conférence de presse pour expliquer leur geste. Selon cette même source, ces policiers seraient particulièrement agacés par l'irresponsabilité du ministre de tutelle ainsi que par l'attitude un peu cosaque du Président à l'égard des institutions de la France. On leur avait promis du karcher dans les cités, rien. On leur avait dit qu'ils allaient être les bien aimés, rien non plus. On leur avait promis des budgets supplémentaires, niet !
Du coup, non seulement ils trainent les pieds, mais pour passer le temps sans trop s'ennuyer et pour se venger un peu aussi, certains fournissent à la presse des clichés où l'on voit Jean-Pierre Treiber, au crépuscule, du côté de Bréau, un petit bled de Seine-et-Marne, marchant avec une canne, un sac à la main. La bonne femme du Jean-Pierre à qui on a montré les images de la vidéo-surveillance aurait authentifié le gars sur la photo comme étant le J.-P. dont elle ne veut plus voir la tronche dans son cocon.
Aux dernières nouvelles, on aurait vu monsieur Treiber à la préfecture de Saint-Brieuc dans le cadre du déplacement du ministre de l'intérieur dans les Côtes d'Armor pour évoquer la sécurité dans les kermesses. Comme monsieur le ministre n'a pas trop d'atomes crochus avec les armoricains, toujours prompts à ferrailler, c'est Jean-Pierre Treiber qui l'a remplacé en tant que sosie pour cette mission délicate. Il s'en est acquitté remarquablement. Seul bémol, son mutisme. Interrogé à ce propos par l'Écho de l'Argoat, hebdomadaire de la région de Guingamp, J.-P., cravate à pois et chemise rose, a ainsi expliqué son silence : « Mes récents propos sur les auvergnats ayant provoqué la polémique que l'on sait, j'ai préféré me taire. » Laconique, mais efficace. Cela a permis à Jean-Pierre de bénéficier d'une protection rapprochée, ainsi que le bénéfice du gite et du couvert durant ce séjour de 24 h. C'est toujours ça de gagné.