Si nous nous demandons, comme le peintre de l'icône que nous esquissons, comment compléter les cadres autour
de cette figure principale, je crois que nous pouvons le faire en identifiant quelques objets qui symbolisent d'autres moments importants ou, si vous voulez, les moyens que le Saint Curé a
employés pour réaliser sa mission.
Le premier cadre de notre icône sera constitué, sans aucun doute, par le Tabernacle de la petite église du village et, à ses pieds, par le vieux bréviaire usé de Vianney. Oui, la prière du Curé
d'Ars est au centre de sa vie, est au centre de son existence toute entière, est au centre de son ministère. Elle est le secret de sa féconidité apostolique, comme l'ont bien perssenti les
personnes simples qui ont vécu avec lui. Jean Pertinand disait, lors des procès de béatification: "Dans les commencements de son ministère à Ars, il allait régulièrement à l'église à quatre
heures du matin, et restait en adoration au pied des autels jusqu'au moment de la messe, qu'il disait vers les sept heures. Il se tenait pendant ce temps à genoux, sans s'appuyer et, de temps en
temps, regardait le tabernacle avec une expression qui faisait croire aux habitants qu'il voyait Notre Seigneur".
La prière personnelle était l'âme du ministère sacerdotal de Vianney, et pas seulement dans les débuts mais aussi lorsque, devenu célèbre et recherché, le pauvre prêtre ne pouvait plus trouver
que des tranches de temps ou, simplement, "de temps en temps donner un regard vers le tabernacle avec un sourire si doux qu'il semblait voir Notre Seigneur", comme l'écrivit dans ses
mémoires Cathering Lasagne, sa collaboratrice la plus proche.
Son attitude de prière est aujourd'hui immortalisée à Ars dans la statue de Cabuchet, qui semble s'inspirer des déclarations de Frère Athanase, dans les actes de béatification du saint. Quand il
décrit la façon du curé de se préparer en priant à la célébration de la Messe, ce témoin oculaire nous informe: "Il restait immobile agenouillé sur le plancher du choeur, les mains jointes et
les yeux fixés sur le tabernacle, et il n'y avait rien qui fusse capable de le distraire dans ces instants d'initmité avec Dieu". Son bréviaire, exposé encore aujourd'hui au presbytère de la
ville, est resté pour toujours un témoin éloquent dans son silence.
Prêtres diocésains, quelle sainteté? Colloque à Ars, 26-27-28 février 2007, éd. Sanctuaire d'Ars - Parole et
Silence, 2007, p. 242-243