Accessibilité et industrie du livre
Le débat a notamment été marqué par l'affrontement entre Richard Sarnoff, qui défendait l'accord Google et Roland Reuss qui était en parfait désaccord avec celui-ci. Roland Reuss a argué que les efforts de Google en matière d'accessibilité ne seraient pas sans conséquences et qu'à terme cela démolirait l'industrie du livre. Le professeur avait au passage envoyé une pique à Sarnoff en disant qu'il était « naïf » de faire confiance à Google.
Richard Sarnoff ne s'est pas laissé démonter et a insisté sur l'importance de l'accessibilité aux oeuvres, affirmant qu'aujourd'hui les étudiants se retournent de plus en plus vers les ressources numérisées. Or, la plupart des oeuvres du 20e siècle ne sont pas numérisées. Ce quoi Roland Reuss a répondu qu'évidement il était pour l'accessibilité mais « contre le fétichisme de l'accessibilité ».
Revenant sur la remarque de Reuss sur la destruction de l'industrie du livre, Richard Sarnoff a soutenu que l'accord Google ne concernait que les oeuvres orphelines ou qui ne sont plus publiées. Étant donné qu'elles ne rapportent plus rien à personne, il estime que l'industrie n'est pas menacée mais au contraire que cela redonnera une « nouvelle vie » à ces livres.
Bataille culturelle sur les droits moraux
Le débat a été axé aussi sur le problème des droits d'auteurs. Roland Reuss a encore une fois lancé un assaut en indiquant que l'accord Google ne respectait pas la convention de Berne. Et plus particulièrement le volet des droits d'auteurs concernant le droit moral. Il faut savoir qu'il s'agit d'une spécificité européenne qui n'existe pas aux Etats-Unis.
Il faut savoir qu'une rencontre a eu lieu durant la Foire entre la fédération des éditeurs européens (qui représente les associations de 27 pays) et l'association des éditeurs américains. La fédération des éditeurs européens tenait notamment à faire savoir à l'association des éditeurs américains qu'elle n'avait aucun droit de négocier à la place de ses consoeurs étrangères.
La table ronde a donc failli tourner à la bataille culturelle. Au milieu de ces échanges houleux, Christian Sprang était le plus modéré acquiesçant à certaines remarques de Sarnoff mais s'opposant à quelques points de l'accord Google.
Santiago De La Mora, pour sa part, a passé son temps à essayer de faire entendre que Google ne voulait pas devenir éditeur. Pourtant la mise en place d'une plateforme de téléchargement par le géant américain, et certains points de vocabulaire laissaient entendre le contraire.