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Business as usual

Publié le 19 octobre 2009 par H16

Après un week-end chargé, on en est généralement réduit à régler au plus vite les affaires courantes avant de pouvoir reprendre le cours normal de ses activités. Et pendant que je croquais du bébé socialiste, je pensais qu’il se serait passé moult événements marquants. Stupéfaction : tout se déroule exactement comme d’habitude !

Et ça commence sur les chapeaux de roue de la normalité. L’actualité, en quelque sorte, est comme lancée sur des rails et suit son chemin (de fer) sans la moindre péripétie… au contraire des clients de l’entreprise ferroviaire monopolistique en France qui eux n’auront pas ce plaisir.

C’est Octobre, et avec la chute des feuilles, le retour des frimas et la hausse des taxes d’habitation, il fallait bien une petite grève SNCF pour ajouter la touche finale à cet automne décidément d’une normalité d’airain. Je ne sais pas si des stats existent, mais je crois qu’il ne doit pas y avoir un seul automne sans grève SNCF depuis des dizaines d’années.

Bon. Et cette année, c’est quoi, exactement, le prétexte des cheminots pour aller biner le carré de jardin plutôt que chauffer des locos ?

ideesncf

Ah oui : c’est le fret qui fait mal par où il ne passe plus. Ou du moins, comme le fret devrait putativement être potentiellement ouvert éventuellement à la concurrence peut-être, les fiers forçats du rail, les stakhanovs du charbon, les bêtes humaines au cœur tendre et à l’abnégation évidente, heureux de montrer au monde qu’ils aiment et entretiennent leur outil de travail et un rapport de tendresse avec les gens qui les payent, ont décidé de dire merde aux clients, va chier à leur encadrement et bande de lopettes au gouvernement (ce en quoi ils ont raison pour cette dernière interjection).

Et comme le fret pose problème, on va enquiquiner… pas le fret. Les clients usagés usagers.

Foin de balivernes et de langue de bois : je vous l’avoue, je suis pour cette grève. Il faut que les syndiqués SUD-Rail, les bas du front CGT et autres abrutis encartés NPA continuent leurs mouvements vexatoires et ridicules. Souvent, longtemps, et sans lâcher d’un pouce.

Allez-y, les gars ! Vous êtes, objectivement, les meilleurs alliés des libéraux et (plus tristement, mais c’est comme ça), ceux du gouvernement.

Eh oui : parce qu’à un moment ou un autre, quand le pays sera dans une merde noire et que tout le monde pleurera parce que – notamment – les syndicats l’ont foutu dedans et que la SNCF ne fait pas son travail, coûte cent ponts et continue la branlette à cadence accélérée, le peuple qui paye et ne gueule pas en aura assez de payer et de ne pas gueuler.

Comme un élastique trop tendu, il fera schpaf d’un coup. Ce jour-là, je ne suis pas sûr qu’être cheminot sera encore le gage d’une tranquillité assurée par un Etat en déliquescence qui n’aura plus du tout les moyens d’acheter la paix sociale sur le dos des moutontribuables.

Business as usual

Avant de m’étendre un peu sur les lubies péniblo-comiques des conducteurs occasionnels de train, j’ai mentionné l’extraordinaire normalité de ce mois d’octobre. Et comme tout mois d’octobre qui se respecte, il comprend lui aussi son affaire de dérapage budgétaire (on le sait déjà) et l’aveu, à mots gênés, d’une nouvelle fraude dans les retraites qui vient s’empiler sur une précédente erreur. A 400 millions d’euros la fraude et 300 millions l’erreur, cela nous fait donc 700 millions à trouver ou récupérer rapidement si on veut toujours pouvoir payer ces retraités qui, s’ils ne sont pour le moment pas trop méchants, pourraient néanmoins constituer un réservoir inépuisable de ronchons qui ne votent pas comme il faut.

Délicieux.

Pendant ce temps, le ministère de l’Education a, très discrètement, retiré le caractère obligatoire de la lecture d’un petit Môquet d’Octobre : outre l’assoupissement des gamins, il ne provoquait plus la subversion que l’introduction du texte avait pu fournir au nouveau président Sarkozy et qui lui avait permis, on s’en souvient peut-être, de passer pour un président aux valeurs républicano-resistantes poussées.

C’est une bonne chose. D’une part, le texte est très mauvais (notamment parce qu’il a très très peu de fautes d’orthographes et ne permet pas au jeune lecteur déchiffreur de s’identifier). D’autre part, lire la prose d’un gamin qui s’est fait entuber par le parti communiste n’a rien de nécessaire dans une France où, finalement, chaque gamin se fait déjà entuber par toute la clique solidaire, corporatiste, socialiste et communiste.

Et enfin, pour terminer en beauté cette rapide revue de presse, on pourra évoquer les petits couinements de souris repue émis par un Kouchner décidément en forme, au sujet de l’Afghanistan. Il avait manifestement revu sa copie, ce qui nous évite les pénibles digressions sur les Yogourts, et le voilà qui se fend d’une analyse géopolitique du tonnerre. En gros, et si on lit l’interview, la situation était bloquée. Les Américains, pauvres brutes sans finesses, ne pouvaient arriver à faire plier le terrible Karzaï. Heureusement, Bernard et ses diplomates de choc sont intervenus en mode ninja, et la situation s’est débloquée.

Car, et c’est important de le souligner, …

L’influence de la France est grande : c’est, en tout cas, ce que m’ont dit hier les Américains à Kaboul. Je crois que le monde entier reconnaît que la diplomatie française a reconquis toute sa place.

Eh oui : on n’a plus un kopeck, ça choppe la gale à l’Elysée, le monde se gausse du népotisme franchouille, notre armée fait autant pitié que rire, mais nous avons une diplomatie que le monde nous envie.

Il est vrai que nous avons su remplacer les bombes à sous-munitions et les mines antipersonnel dans nos arsenaux par des petits fours au caviar ou au saumon distribués avec prestance sur l’ensemble du globe.

En réalité, et comme d’habitude dans ce pays où, finalement, tout se déroule comme prévu, l’ancien soixante-huitard reconverti en diplomate, tout frétillant de gober l’argent public pour voyager en avion et profiter des extras qu’offrent la valise diplomatique, se gargarise de l’importance des missions bouche-trou qu’on lui a filées pour continuer le travail de vitrine, qui lui permet de donner la leçon à des Afghans, comme il le fit peu de temps avant avec les Irlandais qui votèrent de travers.

Démonstration éclatante d’une génération de dirigeants coincés en mode « enfant gâté », pouvant se permettre de distribuer des bons ou des mauvais points, du haut de l’exemplaire vie ascétique qu’ils mènent.

Bref.

Business as usual.


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