Bon, comme en ce moment j'ai enormement de chose à faire et qu'il est difficile de tenir la cadence d'ecrire seul sur ce blog, j'ai reçu un article ce week end de la part de Sebastien, certainement lecteur enervé par mon manque de rendement ces dernières semaines, qui me propose un genre de "soyons sérieux avec Wham!"
Bon, moi je n'ai jamais vraiment écouté Wham!, mais son point de vue est fort intéressant, alors je vous le livre. Merci Seb, tu permets que je t'appelle Seb.
Il y a des premières fois qui comptent dans la vie. Pour mon cas personnel, j'accorde plus d'importance à mon premier album acheté qu'à mon premier baiser ou partie de jambes en l'air. Sans doute parce que ça s'est mieux passé...
Eté 1985. Un très grand cru pour moi, pour des tas de raisons. Il faisait beau, les copains étaient fluo, les copines fluettes, la musique était bonne, bonne, bonne... C'est à cette époque que j'ai acheté tout seul, comme un grand, avec « mes sous à moi », mon premier album. Ça s'est passé au Monoprix d'Asnières. Et oui... C'était le second album de Wham !, Make It Big. 64FRS.
Quand je regarde bien la chose, je m'aperçois que j'adorais les boys bands moi. Wham !, Depeche Mode, a-Ha... On devait penser que, comme 99% de leur public, je fantasmais sur le chanteur. Mais non. L'homosexualité ne m'a jamais tenté. Même pour essayer. J'avais vu plus loin que les faces de minets de ces groupes et compris qu'ils étaient de vrais musiciens. C'était leur musique qui me faisait bander, pas leurs tronches ! Et puis, écouter des boys bands, pour approcher des nanas, c'était parfait !
- Alors Virginie, tu as écouté le dernier album de a-Ha ? Moi j'ai adoré !
- Oh, tu aimes a-Ha toi ? C'est cool ça ! Il est beau Morten hein ?
- Hein ? Euh, ouais ouais il est beau ouais. Mais t'es jolie toi aussi hein !
- Quoi ?
- Non non rien, je disais juste qu'on pourrait en rediscuter, de la musique de Morten, oui c'est ça, en rediscuter après les cours, hein ? Hein ? Hein ??
Wham !, c'était quoi pour les profanes ? Deux pédés aux brushings ignobles, avec des boucles d'oreilles de gamines, des fringues atroces (pull chauve-souris, long ramasse-poussière à carreaux écossais rouge, argh.), chantant une soupe pop bourrée de « yeah yeah yeah » et sautant sans arrêt dans tous les sens. C'est vrai qu'il y a de ça. Mais lorsque l'on faisait abstraction de tout ça, on découvrait de suite du talent à l'état pur en la personne de George Michael. Auteur, compositeur, producteur et arrangeur de toutes les chansons, jouant des claviers, interprète doté d'une voix en or, il était clair que Wham ! n'était pas un duo mais le groupe de George Michael. C'était lui la tête pensante. Son comparse, Andy Ridgeley, n'a jamais fait que de la figuration et fait semblant de jouer de la guitare sur scène. Comme Dorothée !
Avant cet album, j'avais déjà participé au budget de bombes de laque pour George et sa copine en achetant deux de leurs 45 tours. Freedom puis Careless Whisper, avec des résultats orgasmiques au niveau de mes oreilles. Il fallait donc que je passe à la vitesse supérieure. Cet album était devenu une priorité. Dans la semaine qui suivit son achat, je décidai de donner mes deux 45 tours, désormais inutiles, à mon meilleur copain de l'époque. J'ai toujours été comme ça.
Une fois l'achat effectué et rentré dans ma petite chambre sentant l'inculture juvénile et le renfermé, et aux murs tapissés de posters dont je ne veux même pas évoquer le souvenir tant cela me fait frissonner de honte, je sortis délicatement le 33 tours, déflorant ce délicat hymen d'électricité statique qu'ont tous les disques vinyles lorsqu'on les extrait de leur pochette pour la première fois, pour le poser sur ma platine archaïque dont les enceintes craquaient quand on montait le son... Et la musique démarra. Passons les titres les plus connus, et donc les plus commerciaux, comme Wake Me Up Before You Go Go (le clip, avec leur chaussettes fluo et les T-shirts « Choose Life », au secours...) ou Freedom, mais penchons-nous plutôt sur les perles, comme Everything She Wants, pourtant sorti en single mais sans gros carton car trop long et pas assez dansant. Mais cette rythmique, putain ! L'intro donne la parole à une boîte à rythme tueuse montrant sans équivoque un énorme travail dessus, puis s'enchaîne une ligne de basse sexuelle et humide. George Michael repiquera plus tard ce son si particulier, mais sans réussir son coup cette fois-ci, avec le pitoyable I Want Your Sex, chanson provoc et tentative désespérée pour lui de nous faire croire qu'il était hétéro ; on comprend qu'il la renie désormais (elle était absente de son triple best of). On note une certaine misogynie chez la mère Michael, avec des paroles de chansons évoquant souvent quelqu'un travaillant dur pour une nana afin qu'elle claque tout son blé et sans aucune reconnaissance. Everything She Wants bien sûr, mais aussi Credit Card Baby atteste cette impression.
George Michael a toujours été fasciné par le r'n'b et le blues. En reprenant If You Were There des Isley Brothers, c'était une façon pour lui de se faire plaisir, d'autant plus que la reprise est très réussie et entraînante. A son écoute, les frangins Isley n'ont aucune raison de se retourner dans leur cercueil, sauf s'ils sont toujours vivants bien sûr...
Si l'on passe également la berceuse Like A Baby, chanson idéale à s'écouter après le radada, et l'insignifiant Heartbeat, l'album s'achève, et nous achève, avec une version longue de Careless Whisper, le slow qui tue. Cette chanson fut pour moi une arme fatale pour les boums. Lors de ces réunions d'acnéiques frustrés, j'amenais ce disque avec moi et, une fois le titre lancé, j'avais 6mn33 pour emballer, top chrono ! Ça ne marchait pas toujours.
Deux petites déceptions pourtant dans cet album. La première fut d'avoir une mauvaise version longue de Everything She Wants, avec de nombreux « trous ». A son écoute, sur certains passages, on se dit qu'il manque quelque chose là. Le remix effectué pour le single est nettement meilleur avec des arrangements supplémentaires dans la rythmique et la mélodie. Autre déception, pas de Last Christmas, la face B de Everything She Wants, chanson originale et immonde au clip monstrueux, mais bon, ça fait partie d'un tout et il me revient de précieux souvenirs à son écoute même si je sais que c'est probablement la pire chanson du monde.
Make It Big sera le dernier et meilleur album de Wham ! avant une poignée de mauvais singles en guise d'agonie puis une kyrielle de best of sans grand intérêt. Avec ce disque, George Michael s'entraînait déjà au solo avec le succès que l'on sait encore maintenant et qui ne m'a jamais véritablement branché bizarrement. Pas assez pop et Too Funky sans doute.