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Report : exposition "Sur le fil" à Lille (à la MFW jusqu'au 22 novembre)
Publié le 10 octobre 2009 par BlogcoolstuffSi le canevas, la broderie et autre dentelle n'évoquent pour vous que le monde kitsch et ennuyeux au possible de belle maman, c'est sûrement que vous n'avez pas suffisamment porté attention ces dernières années aux multiples évolutions de l'art contemporain. Un peu à la manière de nombreux musiciens qui se ré-approprient depuis quelque temps la vieille guitare sèche à papa afin d'ouvrir de nouvelles perspectives à la musique en cette période de tout numérique, certains plasticiens - femmes et hommes confondus, faut il le préciser ? - se plaisent aujourd'hui à créer avec fil et aiguille.
Deux expositions témoignent actuellement de cet engouement : "Fils croisés" à la galerie L.J. à Paris (du 15 octobre au 28 novembre) et "Sur le fil" à la Maison Folie Wazemmes de Lille du 10 octobre au 22 novembre (puis au Musée des arts modestes de Sètes du 12 décembre 2009 au 19 avril 2010).
La singularité de cette seconde exposition réside dans le double parti pris de ses organisateurs (La Gamelle Publique), à savoir premièrement proposer des créations relevant tout aussi bien de l'art brut que de l'art contemporain et, deuxièmement, présenter des oeuvres textiles aux thématiques fort éloignées des paysages bucoliques et autres joyeusetés que l'on associe spontanément à ce type de médium. Sous-titrée "Déviances textiles", l'exposition "Sur le fil" met en effet en exergue des créations en prise directe avec notre époque et interrogeant aussi bien notre rapport au sexe et à la pornographie que des thématiques sociales voire politique (terrorisme, guerre, religion, etc).
Quant au parti pris consistant à ne pas distinguer les oeuvres relevant d'une part des arts contemporains et d'autre part de l'art modeste, de l'art brut ou encore de l'art outsider, il se traduit concrètement à travers la scénographie de l'exposition qui fait se côtoyer les créations de Claude Viallat (un des fondateurs du groupe Support/Surfaces) et des torchons brodés en provenance de Serbie, des oeuvres de Myriam Mechita et des ex-votos mexicains. Seule exception à cette règle, l'espace réservé au travail de Jacques Trovic qui, depuis les années 50 et en dehors de tout effet de mode, crée de manière monomaniaque d'étranges tapisseries relatant les non événements de sa vie quotidienne. Artiste atypique du nord de la France internationalement reconnu, il était en effet grand temps que son oeuvre fasse l'objet d'une exposition d'importance dans sa région d'origine.