Séguéla et la saloperie

Publié le 19 octobre 2009 par Careagit
On a souvent un gros défaut, « nous » les blogueurs, une certaine facilité à sauter sur toutes personnes disant du mal du net. Il faut nous comprendre, passer plusieurs heures par jours sur la toile ça aide à avoir un aperçu assez clair et limpide des avantages et des défauts de l’outil.
Jacques Séguéla est donc en l’espèce le nouveau trublion du net. Après avoir fait le buzz avec sa phrase, désormais culte, de qui n’a pas de Rolex à 50 ans aurait raté sa vie, le voilà de retour au sujet de l’Internet. « Le Net est la plus grande saloperie inventée par l’homme » qu’il a dit, le Jacquo, devant Ruquier et consors Samedi soir à la télé, publique qui plus est.
Il faut dire que le bonhomme s’est fait une sale réputation sur la toile avec ses Rolex… De là à y voir la moindre relation…
Alors que tout le monde a fait une fixation sur « le net est la plus grande saloperie… » J’ai tiqué pour ma part sur la seconde partie de la déclaration lorsque le publicitaire s’esclaffait :
« Le Net est la plus grande saloperie qu’aient jamais inventée les hommes ! C’est un dieu vivant ! Car Internet permet a tous les hommes de communiquer avec les autres homme »
Outre le fait d’être en capacité de créer le buzz et, conséquence directe ou indirecte, d’éventuellement détruire l’image d’une personnalité, ce qui semble le plus gêner Séguéla c’est la force de création de liens qu’Internet désormais facilite. Il faut le comprendre, Séguéla. C’est un publicitaire de la vieille époque. L’époque Reine du Prime Time, de la ménagère comme cible marketing hyper exploitée, du cloisonnement de l’acte de consommation. Le problème principal, c’est que le net déconnecte petit à petit le consommateur du flux mainstream pour le réorienter vers une consommation tribale reliée parfois à l’envie d’un seul, parfois à des valeurs partagées par une communauté ou en réseau (iPhone) qui s’échange informations, conseils, notes ou tests et qui confisque, un instant, le pouvoir de communication des marques vers le consommateur. Lorsqu’un produit est une daube, avec le net, l’information se propage plus rapidement, c’est sûr.
Du coup Séguéla lui, il voit un consommateur seul et totalement enfumé depuis des années retrouver petit à petit quelques copains qui sont, eux aussi, dans la fumée. Ils s’entraident. Alors Séguéla, ça, ça l’emmerde profondément.
Alors bien sûr la société de consommation ne s’est jamais aussi bien portée. Bien sûr la communication, le marketing et la publicité existeront toujours, mais il faut bien avouer que les techniques passées n’avaient pas tellement enregistrée la donnée variable « Internet ».
Sur le fond du sujet, ensuite, je ne suis pas loin de penser la même chose que Séguéla et Dray sur la capacité d’Internet à faire et défaire une réputation sans la moindre inquiétude et, parfois, sans la moindre preuve. L’immédiateté accélère la vitesse de propagation des avis, des réactions, des montages audios ou vidéos potaches. Oui, le net est parfois malade de l’immédiateté. Les articles s’empilent aux articles, les billets s’additionnent aux billets par les liens tout le monde se retrouve. Le buzz, ou plutôt, le besoin de buzz, marqué par la tentation de chacun d’appartenir à ce qui fait l’actu, être dans la lumière, là, au milieu de ce qui est « hype » et, surtout, avec les autres. Ce principe là tue peu à peu le reste.
Il n’empêche, malgré tout cela, Séguéla se plante magistralement, non, le net n’est pas une saloperie. Bien au contraire.