C'était la couverture d'un Courrier International de février dernier. En pleine tourmente alors, il était écrit : Merci la crise ! L'idée de la moisson dans des médias espagnol, américain, russe, anglais, italien était de pointer ça et là du salutaire. Voici quelques morceaux choisis.
Les pessimistes sont des gens sérieux, réalistes et peu enclins à perdre leurs illusions, est-il par exemple écrit dans El Pais. Les optimistes, à l'inverse, sont candides, et de ce fait, plus souvent surpris par les mauvaises nouvelles. (...) Le journaliste (Moisés Naim) pointe cinq raisons d'être optimiste : 1. Les infarctus sont des incitations à changer ses habitudes ; 2. Nous allons assister à un renouvellement politique ; 3. De nouveaux leaders vont apparaître ; 4. Il y a plus d'innovation que jamais ; 5. Plus de générosité que jamais.
D'autres mots fleurissent au fil des pages. Un média made in New York évoque une nouvelle frugalité. On achète moins, pas pareil ; on construit moins, ou moins grand ; L'austérité va devenir la norme, prédit un économiste. Une nouvelle mentalité s'installe : on se débrouille et on raccommode. Ironie : un type dont la boite a fait faillite de manière pharamineuse, crise aidant, est devenu conseiller en entreprise. Il témoigne.
En Russie, on se demande Pourquoi ne pas faire confiance aux autres ?
Personne n'échappe à la crise, c'est une bonne chose, écrit Andreï Arkhanguelski. Une société est faite de relations quotidiennes d'une certaine intensité et, surtout, d'une qualité particulière. Vivre côte à côte n'est pas synonyme d'unité. La crise actuelle n'est pas un tsunami. Mais plutôt une peste, une menace invisible et durable, dont on ignore quand elle disparaîtra. Et l'auteur d'ajouter : Nous ne sommes pas parvenus à bâtir une société digne de ce non parce que nous nous sommes pliés à l'idée étrange et stupide que chacun était seul et vivait pour lui-même, cherchant à édifier un petit paradis pour lui seul et sa famille, où nous imaginons naïvement nous réfugier en cas de problème. Il va falloir renoncer à cela : nous sommes tous des débiteurs.
Au Japon, des associations se substituent aux banques. En attendant que ces dernières retrouvent leur bon sens.
Meryl Streep, l'actrice, dans un entretien au Spiegel, espère que la crise permettra de faire un bond... vers la qualité. Le secteur va s'éclaircir. Le cinéma va se développer simultanément dans des directions différentes.
A New-York, le désastre économique est perçu comme l'occasion d'une opportunité culturelle et démocratique.
Retourà la terre, dons, économies et même en Angleterre un slogan qui ringardise une pensée française : Les gens ont de la peine pour moi ils pensent que je suis une vieille femme triste. Mais j'aime prendre mes décisions seule et être indépendante. Les gens disent qu'il leur faut travailler plus pour gagner de l'argent, mais, si vous ne dépensez pas, vous n'avez pas besoin de travailler. Mon boulot désormais c'est de vivre de manière frugale et c'est un bon boulot, témoigne Ilona. Dans le ton de ce qui est préconisé par un journal italien : Chacun doit faire partie de la solution, plutôt que du problème !