Un peu moins d'un an après le retrait d'Edvige, deux nouveaux fichiers de police voient le jour.
Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, avait annoncé la semaine passée que des bases de données étaient à l'étude. "Il faut que l'on progresse dans la recherche de renseignements", avait-il déclaré sur France Info, alors que des casseurs, visiblement très organisés, avaient investi le centre de Poitiers.
Chose dite, chose faite: une semaine plus tard, les décrets créant ces deux fichiers ont été publiés au Journal Officiel.
Le premier est destiné à prévenir les atteintes à la sécurité publique: il est ciblé sur les bandes, les hooligans et les groupuscules. Le second permettra de stocker des informations sur les personnes postulant à un emploi dans la police, la gendarmerie ou dans des sites "sensibles", comme les aéroports et les centrales nucléaires.
[...]"Edvige est mort et il n'est pas question de le ressusciter", a martelé Brice Hortefeux à la radio. Les deux nouveaux fichiers ne font plus référence aux origines ethniques, aux activités politiques, religieuses ou syndicales des personnes recensées - sauf par dérogation pour le premier. Le ministre s'est aussi assuré de l'aval du Conseil d'Etat et de plusieurs associations comme la Licra.
Mais une nouvelle fronde n'est pas à exclure. La députée socialiste Delphine Batho a été la première à monter au créneau.
Dans un communiqué, elle s'inquiète du fichage des origines géographiques, qui permet de contourner, selon elle, la mention de l'origine ethnique. Elle juge aussi insuffisantes les garanties pour les personnes mineures.
Mais c'est surtout la méthode qui passe mal.
Après Edvige, un consensus avait émergé pour que la création de nouveaux fichiers soit encadrée par le Parlement. Une proposition de loi devait d'ailleurs être votée."La méthode choisie [les décrets, ndlr] est une fois de plus celle d'un pouvoir qui veut passer en force sur tout, tout le temps, qui refuse le débat démocratique, écrase le parlement et sa propre majorité", déclare Delphine Batho dans un communiqué.
Des critiques appuyées par divers associations, comme le Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) ou la Ligue des droits de l'Homme, qui prévoit déjà d'organiser une nouvelle campagne d'information contre les petits frères d'Edvige.