C'est le genre d'histoire qui n'arrive qu'aux autres, jamais à soi. Sauf, cette fois.
Par: Hélène Poitras du magazine Vita.
J'ai toujours souhaité partager une relation amoureuse riche de sens et de satisfaction. À l'aube de la cinquantaine, j'avais cumulé plusieurs relations de couple
de courte et de longue durée, certaines enrichissantes, d'autres moins. À cette période de ma vie où je me sentais libre, remplie d'énergie et de confiance, je caressais l'espoir que ce bonheur
me soit enfin offert.
Nous étions à l'automne 2005, lorsque j'ai fait la connaissance d'un homme exceptionnel lors d'un événement organisé par la chorale dont je faisais partie. C'était
un bel homme, enjoué, dynamique et créatif. Jour après jour, il me démontrait des marques d'attention auxquelles je n'avais pas été habituée; j'appréciais ses moindres petits gestes.
Il est donc entré dans ma vie à la vitesse grand V, car j'avais le goût que cette situation d'abondance demeure. Je réalisais chaque jour à quel point il était
facile de vivre à ses côtés. Seule dans ma maison depuis que mes deux enfants avaient quitté le nid, il s'est donc très rapidement installé chez moi.
Du rêve... au cauchemar
À partir de ce moment, j'ai profité de la vie à deux comme jamais auparavant. Nous avons fait quelques voyages, assisté à de nombreux spectacles, logé dans de
grands hôtels; c'était la belle vie et il me faisait miroiter des projets d'avenir qui m'enchantaient.
J'avais de l'admiration pour cet homme qui avait vécu tant d'expériences variées et hors de l'ordinaire. Il me disait avoir travaillé aux États-Unis pendant
quelques années et y avoir fait de la course automobile. Il avait également travaillé comme directeur technique d'une compagnie internationale de sonorisation et d'éclairage, puis avait décidé
quelques années plus tôt de travailler à son compte. Il s'occupait, entre autres, de location d'équipement de sonorisation et d'éclairage pour des productions cinématographiques et
télévisuelles.
Il semblait par ailleurs brasser de grosses affaires dans des domaines aussi variés que l'aéronautique et les courses automobiles et, bien que tout n'allait pas
toujours bien, il faisait preuve de beaucoup d'assurance. Et il n'était pas sans subir des difficultés financières... C'est pourquoi j'assumais souvent certaines de nos dépenses que j'inscrivais
dans un cahier afin que soient comptabilisés les montants qu'il me devait. Bien qu'il me remboursait une partie des montants empruntés, j'étais un peu ennuyée d'avoir à avancer l'argent
nécessaire pour nos dépenses.
À un certain moment, tout sembla rentrer dans l'ordre. En effet, pendant une certaine période, il se mit à me rembourser des montants plus importants de sorte que
je pus enfin effacer l'ardoise; j'étais bien contente de voir que ses affaires allaient mieux et de profiter de notre vie de couple sans le spectre des ennuis financiers. Mais le bonheur fut de
courte durée.
Quelques mois plus tard, j'appris par le service de recouvrement de l'institution bancaire où je possédais une marge de crédit hypothécaire, que la limite était
dépassée depuis trois mois. Surprise! Comment cela est-il possible!? Je n'avais pas touché à cette marge qui devait servir aux travaux de rénovations qui n'avaient pas encore eu lieu... Puis,
j'ai compris...
Trahie par l'homme que j'aime
Bien brutalement, j'ai réalisé que l'homme que je croyais si généreux avait frauduleusement tiré des chèques en imitant ma signature. En plus de conserver une
partie des sommes, il m'avait ainsi remboursé les montants qu'il me devait... avec de l'argent emprunté sur ma marge de crédit. Et bien sûr, il avait intercepté toutes les correspondances et les
appels faits par ma banque pour m'avertir de la situation.
Lorsque j'ai compris ce qu'il m'avait fait, j'ai tout de suite fait changer les serrures des portes de ma maison et l'ai avisé qu'il n'était plus le bienvenu. Le
soir même, j'ai déposé une plainte à la police et j'ai su dans les jours suivants que cet homme était un fraudeur d'expérience. Il avait un casier judiciaire depuis 1979, de très nombreuses
plaintes criminelles avaient déjà été portées contre lui, et il avait déjà été condamné à deux périodes d'emprisonnement.
J'étais atterrée, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, c'était trop gros. Et moi qui l'aimais et qui lui avais fait confiance. J'ai vu à quel point ce drame
pouvait m'anéantir et je n'ai surtout pas voulu m'effondrer. Il y a de cela près de quatre ans, j'aurais pu perdre mon fils dans un accident de voiture. En remerciant le ciel que sa vie
soit sauve, je me suis alors juré qu'il n'y aurait jamais rien d'aussi grave que la perte de mon fils. C'est cette promesse qui m'a permis de rester debout.
C'est aussi la solidarité de tous ces gens qui m'ont entourée, mes enfants qui ont fait preuve de courage et de confiance dans la vie, mes frères qui se sont tant
inquiétés pour leur petite sœur, mes amis qui ont vécu cet affront. Même ces inconnus que j'ai croisés lors des démarches que j'ai dû faire pour résoudre ce gouffre financier, même « leur
bonne chance, madame » et toute la sincérité dont ils ont fait preuve m'ont donné le courage d'avancer.
Au moment où je rédige cet article, j'apprends qu'il a finalement été mis sous les verrous. J'ai déjà pris les moyens pour éponger cette dette et les arrangements
nécessaires pour redresser ma situation financière. Avec son emprisonnement, je traverse une étape supplémentaire dans la résolution de ce deuil.
L'espoir
Cette double trahison a été un événement magistral de ma vie. Bien qu'il ait été fort douloureux, il m'a permis de déployer des forces et des stratégies intérieures
qui m'étaient inconnues. Dans les mois qui ont suivi l'événement, j'ai dû parcourir le chemin qui m'a permis de comprendre ce qui m'avait amenée là. Aujourd'hui, je vais bien. Comme me l'a si
bien dit une personne que j'admire: au-delà de ce qui arrive, l'important, c'est ce qu'on en fait...
J'espère que j'aurai un jour le privilège de partager ma vie avec quelqu'un de bien, le plaisir immense de vivre une relation de couple enrichissante. J'aurai des
craintes et je serai certainement plus vigilante, mais j'ai la foi qu'il existe sur cette Terre un homme qui me convienne et qui me permettra d'oublier cette triste expérience.
Je vous souhaite une excellente journée !
Jocelyne Choquette
Formatrice agréée et conférencière d’affaires.
514. 336. 7441
jocelyne.choquette@sympatico.ca