RICHARD HAWLEY "Truelove's gutter"
Quand on est le guitariste d’un groupe assez célèbre,
mais dont le chanteur ( Jarvis Cocker ) a tendance à phagocyter les feux de la rampe, il est difficile de sortir du cône d’ombre et de se tailler un costume de protagoniste. Sauf si ce groupe
implose, et que vous avez ainsi toute latitude pour organiser votre carrière solo. Voilà qui tombe bien pour Richard Hawley, ex membre éminent de Pulp, qui à l’inverse de son ancien
« patron » gagne de l’ampleur à chaque nouvelle livraison. « Truelove’s gutter » est déjà son troisième disque, et l’Angleterre a tout compris, en lui réservant les hommages
qu’il mérite. Pas la France, pas encore. Voix de crooner à tomber à la renverse, arrangements classieux à la Sinatra moderne, crossover entre country et rock en costume à la Tindersticks, la
musique de Hawley est faite pour s’élever la nuit, entre les volutes de fumée d’un piano bar, et parle de solitude, d’amours incomprises, tout en respectant et sublimant les codes du genre, avec
une aisance et une retenue sidérantes. Ecoutez donc « Open up your door », et ses envolées sublimes ( sur la compilation Radio Devotionall 11 de samedi dernier ) pour pénétrer cette
autre dimension, celle de la classe artistique, de l’esthète doué et sur de lui, en passe de s’imposer définitivement comme un des maîtres du genre, sans faire de bruit.
(7,5/10)
RAMMSTEIN "Liebe is fur alle da"
Rammstein et la poésie ont peu en commun, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Toutefois, ce « rock – electro – gothique » teuton, qui ose et assume son chant en allemand, a produit de bons
singles efficaces voilà quelques années, et même si le public visé est souvent en attente de la majorité, ça ne nous a pas empêché de commencer la journée bille en tête avec les refrains de
« Sensucht » ou encore « Asche zu Asche », reprise de Bowie. Là où ça se corse, c’est à force de se parodier, de se répéter. Que reste t’il de frais et de novateur chez
Rammstein, qui désormais nous sert inlassablement les mêmes recettes de disque en disque, tout en perdant encore un peu, à chaque tentative, de son
envie et de sa fougue ? La dernière fournée n’est guère croustillante, et faire gronder les guitares et pousser des hurlements gutturaux en allemand n’aide guère à compatir. Pas grand-chose
de folichon, donc, hormis peut-être le titre éponyme « Liebe ist fur alle da » qui sort la tête de l’eau, bien au dessus d’un album décevant, où le pire est atteint, comme souvent,
quand les Rammstein se prêtent au jeu de ballades bancales et caricaturales, où quand ils se mettent à bafouiller quelques paroles en français (sur « Fruhling in Paris ») au sujet du
printemps dans notre capitale. Ils sont fous ces allemands ! (5/10)