Les grandes stars hollywoodiennes sont rarement les acteurs (trices) les plus fascinants sur grand écran. Je leur ai presque toujours préféré les seconds couteaux, ou ces acteurs qui accèdent au statut de tête d’affiche tout en restant des « character actors », des gueules de cinéma aux capacités souvent caméléonesques. Sam Neill a définitivement fait partie de cette deuxième catégorie, avant de se faire désirer pendant un bout de temps. 2010 pourrait lui offrir son rôle le plus intéressant depuis bien longtemps, et nous amener à poser cette question qui me titille aujourd’hui : « Mais t’étais passé où Sam Neill ?!! ».
Je dis qu’il s’agit « probablement » du premier film que j’ai vu avec lui, parce que malgré ma mémoire infaillible pour tout ce qui touche au cinéma, je n’arrive décidément pas à me rappeler si j’ai vu La leçon de piano de Jane Campion au cinéma, sorti quelques mois avant le Spielberg. Je me dis qu’à 11 ans, j’étais sûrement un peu jeune pour voir le magnifique film de Campion sur grand écran, dans lequel Neill campait l’époux violent de Holly Hunter, dans la rude Nouvelle-Zélande du 19ème siècle. Mais cela ne m’étonnerait pas non plus franchement que ma mère - peu pointilleuse sur ce qui pouvait choquer ses enfants au cinéma du moment que le film avait un bon pédigrée et était susceptible d’en faire de bons cinéphiles (merci maman !) - m’ait emmené voir le film de Campion au cinéma art & essai du coin à l’époque.
Du fait de l’avoir vu chez Spielberg, le grand public le prend certainement pour un acteur américain, mais Sam Neill est un produit métissé entre l’Irlande qui l’a vu naître et la Nouvelle-Zélande de son père où il a finalement grandi. Si sa filmo remonte au années 70, c’est essentiellement dans les années 80 qu’on le remarque en Europe, grâce à des rôles chez Zulawski (Possession), Chabrol (Le sang des autres) et Robert Enrico (La révolution française).
Ce qu’il y a de passionnant chez Sam Neill, c’est que son physique lui ouvre une énorme variété
Ils sont rares ces acteurs capables d’un film à l’autre de naviguer entre le bien et le mal avec une aise égale, et une crédibilité sans faille. C’est ce que j’ai toujours aimé chez Sam Neill, cette confiance absolue que l’on peut avoir en lui pour se glisser d’un côté ou de l’autre de la moralité sans douter un seul instant de la justesse de sa performance.
Après une décennie 90’s solide qui l’a vu également épauler Sean Connery dans A la poursuite d’Octobre Rouge ou apparaître chez Wenders dans Jusqu’au bout du monde, Neill s’est montré plus discret dans les années 2000, tournant souvent en Nouvelle-Zélande ou en Australie, apparaissant occasionnellement dans des productions européennes (Wimbledon ou Angel de François Ozon pour ce que j’ai vu), mais ne trouvant pas de rôle à sa mesure sur la scène internationale.
Peu importe où était passé Sam Neill, du moment qu’il nous revient dans de tels rôles.