Comme quoi, depuis bientôt cinquante ans, le débat est plus que jamais d'actualité! Une petite pique amicale à certains qui succombent ou vont succomber à ces "trompettes de la renommée" et qui se reconnaîtront sûrement...
Magazine Conso
Le hasard est décidément joueur. Une petite publicité bien ciblée pour cet excellent livre qui vient de sortir la semaine dernière aux Editions Hoebeke: "Le premier numéro du mensuel Hara-Kiri paraît en septembre 1960,
c’est à dire pendant la décennie qui vécut une croissance fulgurante
pour la publicité, en plein essor dans la presse écrite, comme à la
radio et très bientôt à la télévision. La réclame, qui bat son plein
avec son lot d’arguments naïfs pour ne pas dire navrants, fait surgir
des enzymes gloutons des paquets de lessive et métamorphose les chips
en Blondes à croquer… Ces trompettes de la renommée qui s’appliquent impunément à faire
croire au public que les vessies font de merveilleuses lanternes
irritent les francs tireurs d’Hara Kiri.
«La publicité nous prend pour des cons, la publicité nous rend cons»,
proclame le journal avec sa diplomatie légendaire. Les fougueux
rédacteurs du journal, Cavanna en tête, dénoncent la publicité en la
présentant comme la future aliénation d’une société de consommation qui
s’éveille: il faut abattre la bête! Et tandis que les marques
s’efforcent de composer avec soin un monde idéal supposé le plus
attractif possible, le bras vengeur d’Hara Kiri invente le détournement
de publicité. Une mise en garde lucide et visionnaire. Affreux, méchants et bien entendu drôles, les protagonistes de ces
falsifications outrancières transgressent tous les interdits du genre
publicitaire dans un maelström de provocations où l’absurde et le
saugrenu rivalisent volontiers avec l’indélicat. Dans cette entreprise
de destruction sauvage, les produits en prennent pour leur grade, mais
c’est également les mécanismes de la publicité qui sont joyeusement
éreintés, l’envahissement des marques non seulement sur nos écrans mais
aussi sur nous-mêmes, le racisme des campagnes qui normalisent les
blondes, les jeunes, les riches, le faux progrès vanté par les
annonceurs… Tout ça pour rire bien entendu, mais aussi pour réfléchir
un peu… Ce qui, après tout, est toujours bon à prendre!"