Nicolas Sarkozy est manifestement à la recherche d'un nouveau contenu et d'un nouveau rythme de communication.
Les fondamentaux dans la communication de Nicolas Sarkozy peuvent être résumés autour de trois axes :
- tout d'abord, les images et symboles tiennent lieu d'arguments,
- ensuite, le "faire-part de naissance" dans le lancement d'une nouvelle séquence temps est déterminant,
- enfin, dans l'exercice de la nouvelle fonction, l'enjeu décisif est d'imprimer un évènement fort à chaque jour.
Nicolas Sarkozy est indiscutablement le leader français qui a le mieux compris, maîtrisé donc mis en application une évolution majeure qui est celle du passage du discours politique fait de rationalité au discours politique porté par l'image.
La rationalité, c'est une rhétorique classique basée sur la logique, la mise en forme d'arguments successifs.
La logique même de cette rationalité impose du temps pour que le discours trouve sa dialectique, sa structuration, donc son impact.
Ce besoin de temps ne correspond désormais ni aux modules modernes de communication ni à l'espace temps reconnu par les citoyens.
Il faut désormais s'adapter à cette double modification. Les images, les symboles tiennent lieu d'arguments.
C'est donc l'ouverture d'un registre émotionnel qui l'emporte sur le rationnel. Le discours doit devenir simplificateur.
Une image ou un acte symbolique doit être capable de faire passer le message.
Le second axe fort consiste à réussir particulièrement le "faire part de naissance" de la nouvelle séquence temps qui s'ouvre.
Comme il l'a effectué classiquement lors de chacun de ses temps forts, Nicolas Sarkozy est revenu à un socle fondamental qui consiste à particulièrement bien travailler la rupture par le démarrage.
L'ouverture d'une nouvelle séquence temps permet de faire évoluer une image.
Le public fixe rapidement sa représentation de l'homme politique. Ensuite, l'évolution de cette représentation est très délicate parce que d'une part il importe de chasser une image pour en substituer une autre mais aussi parce que cette nouvelle image peut, à l'occasion de cette évolution, détruire l'unité et l'homogénéité de la représentation alors même qu'une communication réussie est d'abord marquée par la règle de la cohérence.
Donc, comme cela avait été le cas lors de son installation au Ministère de l'Intérieur puis à Bercy mais surtout lors de la naissance de la campagne électorale début janvier 2007, il a toujours très bien travaillé le démarrage de ses séquences de communication.
Enfin, le dernier volet concerne le rapport entre le message et le calendrier de l'actualité. Le Président a adopté le schéma consistant à faire vivre en permanence au moins un événement par jour et à imprimer ainsi sa propre logique de communication.
Il ne s'agit pas d'attendre l'événement pour réagir à celui-ci mais il s'agit de créer l'événement de manière à ce que les médias aillent sur un terrain souhaité, voulu par le responsable politique. C'est la technique "à l'américaine" qui est difficile à mettre en oeuvre tant elle suppose une volonté ferme et une forte imagination pour maintenir le rythme créatif du décideur à un niveau élevé. Un nouvel âge de communication est en train de s'imposer.
Force est de constater que ces trois socles sont aujourd'hui ébranlés. Il restera à chercher à comprendre pourquoi à ce point car c'est une séquence temps majeure qui s'ouvre à savoir le lancement de la seconde moitié du mandat présidentiel.
L'aborder à bout de souffle à ce point là était imprévisible lors de la coupure d'été.
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