Humez Le Fond De L'Air - Et Sentez Comme Ca Pue
Ca vient de là, et c'est tous les jours jouissif de le lire.
Humez le fond de l'air, et sentez comme ça pue - sentez, même, comme la puanteur se fait chaque matin plus nauséabonde.
Je découvre à l'instant que dans "l'intitulé de l'hommage officiel" à Guy Môquet, orchestré par le régime (qui n'a pas fini (d'essayer) de manipuler nos enfants), le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon".
Je répète?
Le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon".
Henri Guaino, "principal conseiller de Sarkozy", interviewé (longuement) dans "Libération", ne trouve pas ça gênant: "Est-ce si grave?"
Demande-t-il.
Avant de préciser: "A force de se scandaliser de tout, on finit par ne plus savoir ce qui est important".
Dans l'intitulé de l'hommage officiel à Guy Môquet, le mot "camarade" a été remplacé par le mot "compagnon", mais le principal conseiller de Nicolas Sarkozy ne trouve ça ni "grave", ni "important".
Humez le fond de l'air, et sentez comme ça pue.
"Camarade" est le (joli) nom que se donnent les communistes.
"Compagnon" est celui que se donnaient les gaullistes, notamment.
Le remplacement de l'un par l'autre est donc tout sauf anodin, et il faudrait être le dernier des sales cons pour ne pas s'en rendre compte.
Le remplacement de l'un par l'autre éloigne Guy Môquet de la gauche, pour le rapprocher de la droite.
Ni plus, ni moins.
Les charognards du régime s'abattent sur la dépouille d'un militant communiste, pour s'en faire un sinistre étendard (après l'avoir cependant lavé de sa camaraderie) - et bien évidemment pour mieux dissimuler que Guy Môquet gerberait à longs traits si, revenant, il découvrait ce que les mêmes charognards font depuis quelques mois des solidarités pour quoi il se battait.
J'ai beau me creuser la tête: je ne trouve guère que l'Union soviétique, période glaciaire (photo), comme autre exemple un peu récent d'un pays révisant, de la sorte, son histoire officielle - donnant un mot pour un autre, effaçant de la photo ce qui risquait de faire désordre.
Ca me terrifie sincèrement, et je me demande où sont, pour le coup, les penseurs à deux balles qui voient partout Staline - mais qui depuis un an lèchent le fondement de Sarkozy?
On les entend plus, ces baltringues - alors que là, pourtant, ils tiennent, pour de bon, un cas très pur de stalinisme - appliqué à notre mémoire collective...
Humez le fond de l'air, et sentez comme ça pue.
D'Henri Guaino toujours, récitant au mot près le répugnant bréviaire de la "nouvelle" réaction: "(...) Il faut résister à cette mode de la repentance, qui finit par exprimer la haine de soi, qui débouche souvent sur la haine des autres".
Et dans "Libé" toujours, quelques pages plus tard, ce relevé, atroce, de ce que font dans la vraie vie ces gens qui ne se repentent pas: "Le plus jeune prisonnier de France a trois semaines (...). Arrêté avec ses parents sans-papiers, il a passé une nuit en garde à vue et est détenu depuis le 18 octobre au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes. (...) Autres exemples: le 4 octobre, un bébé de 15 mois est enfermé au CRA de Toulouse avec sa mère enceinte. Celle-ci fait une fausse couche et perd des jumeaux. Le même jour, une autre femme enceinte est enfermée au CRA de Cayenne en Guyane. Transférée à l'hôpital, elle accouche d'un foetus mort. Ce même 4 octobre, une fillette de 3 ans et sa mère sont placées au centre de rétention administrative de Lyon. Le 10, un enfant handicapé et ses parents sont enfermés au CRA de Toulouse".
Ad nauseam...
Humez le fond de l'air, et sentez comme ça pue: les traqueurs d'enfants sont les mêmes qui veulent que nos chères têtes blondes apprennent que Guy Môquet, fusillé communiste, était un "compagnon", plutôt qu'un "camarade" - et naturellement, tout ça est cohérent.
Dans "Marianne", un garçon qui n'a pas exactement le profil d'un révolutionnaire guatémaltèque puisqu'il s'agit de François Léotard, observe que: " Tout cela va mal finir. (...) Tant (...) de forfanteries et d'erreurs lourdes. (...)"
Première fois de ma vie que je suis un peu d'accord avec François Léotard.
(Dernière fois, aussi, je le suppose.)
Humez le fond de l'air, sentez comme ça pue: en effet, ça finira mal.
(Ou bien, tout dépend du point de vue.)
Pour commencer, venez vous compter cet après-midi: "RESF et le collectif Uni(e)s contre l'immigration jetable (Ucij) organisent un défilé partant du métro Belleville à 14 h 30".
Maodite Verseuse !