L'Ensemble Orchestral de Paris tient une place particulière dans chaque saison musicale en revendiquant une lecture plus "chambriste", notamment sur le répertoire symphonique et concertant. Comment se traduit-elle concrètement dans la saison ?
Jean-Marc Bador : l'Ensemble Orchestral de Paris revendique en effet son statut d'orchestre de chambre avec une attention toute particulière, non seulement portée sur le répertoire symphonique et concertant classique qui avait été, à l'origine, composé pour ce type de formation, tant au XVIIème sièce qu'au XIXème siècle (formations de type Mannheim), que sur celui de la musique d'aujourd'hui.
Cette année, après l'empreinte laissée par les chefs qui ont forgé l'identité sonore de l'ensemble, dont le dernier en date, John Nelson, qui a assuré la direction musicale de l'ensemble pendant près de dix ans, nous initions une approche un peu différente avec des artistes associés qui contribueront chacun a apporter encore des couleurs différentes à notre orchestre.
Nous continuerions à développer la contribution de l'Ensemble Orchestral de Paris à un répertoire plus axé sur la voix, notamment les oratorios, et à tenter de décloisonner les œuvres comme les lieux.
Pour cela, nous disposons sur cette saison de contributeurs précieux pour soutenir cette approche esthétique : Joseph Swensen, chef invité, mais aussi excellent violoniste, nommé pour deux ans comme chef de l'Ensemble, Laurence Equilbey avec l'Ensemble Accentus, qui contribuera à notre acte de foi consistant à placer l'Ensemble Orchestral de Paris comme ensemble porte parole de la voix, et Nicolas Bacri, premier compositeur à nous joindre en résidence, et dont l'impulsion est majeure dans l'exploration de la musique d'aujourd'hui.
La participation de Deborah Nemtanu, talentueuse jeune violoniste, comme violon solo super soliste de l'Orchestre est aussi à retenir sur cette saison, avec de très beaux concerts en perspective, comme l'interprétation du double concerto en ré mineur de JS Bach avec Joseph Swensen, le 8 décembre 2009 au Théâtre des Champs-Elysées.
Quels sont les temps forts de la saison 2009 / 2010 ?
J.M. B : un évènement important est la venue du jeune et très prometteur chef Pekka Kuusisto, également violoniste, avec, le 12 janvier 2010, un programme JS Bach (partita N°1 en si mineur pour violon seul et concerto pour violon, hautbois et orchestre) , Joseph Haydn (Symphonie N°88 en sol majeur), mais surtout la création du concerto tenebroso N°3 "l'hiver" pour hautbois, alto et orchestre de Nicolas Bacri, avec le hautboïste François Leleux.
On notera également, le 1er juin 2010, l'interprétation du double concerto pour violon et violoncelle de Johannes Brahms avec le violoniste Sergei Khatchatryan, accompagné par Claudio Bohorquez au violoncelle (sous la direction de Thierry Fischer).
Enfin, un moment qui sera très attendu, à savoir la direction de la symphonie N°5 en ut mineur ainsi que l'interprétation et direction d'orchestre du concerto pour violon de Ludwig van Beethoven par Maxim Vengerov, le 16 juin 2010, dans le cadre du Festival de Sain-Denis, manifestation avec laquelle nous collaborons étroitement depuis plusieurs années.
Sans parler de rencontres inédites, dont certaines pour le moins inattendues comme Massaki Suzuki avec Renaud Capuçon...
Lorsque je parlais de "décloisonnement", l'organisation de la rencontre d'artistes dont rien ne pouvait faire penser qu'ils puissent jouer un jour ensemble, fait partie de cette démarche. Masaaki Suzuki, chez japonais connu pour son impressionnante intégrale en cours des cantates de JS Bach avec le Bach Collegium Japan, dirigera Mozart (ouverture de Don Giovanni et la Symphonie concertante en mi bémol majeur pour violon, alto et orchestre) avec Renaud Capuçon (violon) et Antoine Tamestit (alto), CPE Bach (la Sinfonia n° 5 en si mineur) et Mendelssohn (Symphonie n° 8 en ré majeur) le 18 mai 2010 au Théâtre des Champs-Elysées.
Pouvez-vous également nous parler des missions culturelles de l'Ensemble Orchestral de Paris et dont l'objectif est de développer encore plus de proximité avec le public ?J.M. B : il s'agit ici de notre démarche citoyenne avec l'accentuation de notre enracinement sur notre région, notamment sur Paris. Ceci est surtout matérialisé par les mini-résidences que nous avons mises en place dans différents arrondissements de Paris. Nous développons ainsi des projets pédagogiques avec les écoles, où nos artistes viennent à la rencontre des élèves, pour leur expliquer leur métier, où nous intégrons, lors de répétitions, des enfants au sein même de l'orchestre, pour leur permettre de cerner de façon encore plus directe et intime le travail sur l'interprétation musicale. Nous organisons également des mini-concerts chez l'habitant, mettons en place des mini-évènements musicaux dans des quartiers. Nous animons des ateliers pour le public dont l'accès à la musique n'est pas possible dans des conditions normales (personnes hospitalisées, jeunes handicapés...).
La première manifestation que nous avons organisée, était le dimanche 27 septembre, avec le concert d'ouverture de la mini-résidence du XXème arrondissement, au Théâtre de Ménilmontant et où intervenaient Deborah Nemtanu et Grand Huit - Orchestre vocal.
Cette démarche fait partie de notre façon d'être un orchestre autrement, avec plus de proximité et une dimension humaine importante, en plus de la pure vocation musicale de notre ensemble.
Les tous prochains concerts de l'Ensemble Orchestral de Paris sont les suivants : Théâtre des Champs-Elysées le mardi 20 octobre 2009 à 20h (programme Chostakovitch et Mozart), Salle Cortot, le samedi 24 octobre 2009 à 17 h 30 - Concert en hommage à Catherine Giardell (programme Mozart et Bacri), Théâtre des Champs-Élysées le vendredi 6 novembre 2009 à 20h (programme Prokofiev, Haydn, Dutilleux, Fauré, Stravinski, Chostakovitch), sous la Direction de Joseph Swensen et la participation notamment d'Henri Demarquette, violoncelle, Anne Gastinel, violoncelle, Xavier Phillips, violoncelle, Mikhaïl Rudy, piano.