Aux Catalans la révolte, xux Biarrots le panache, à Toulouse la maîtrise, voilà en peu de mots résumés les prestations des vainqueurs des trois rencontres "Crunchy" qui les opposaient respectivement aux clubs Anglais de Northampton, Gloucester et des Harlequins.
L'USAP nous devait une revanche, après la douche froide Trévisane. Elle est intervenue, face à de rugueux concurrents à la qualification. Même si ses chances ont été hypothéquées après sa défaite italienne, Perpignan conserve l'espoir. Inutile de dire combien la rencontre du mois de décembre au Thomond Park sera importante pour les hommes de Jacques Brunel.
Biarritz a fait le spectacle pour notre plus grand plaisir, contre un Gloucester débordé par les intentions de jeu Biarrotes et, surtout, la vista d'un Takudzwa Ngwenya suvolté, auteur de trois essais (presque quatre) dont deux lui doivent l'essentiel du travail. Il y avait longtemps qu'on n'avait pas vu un BO aussi fringant et joueur. Même si Gloucester n'a sans doute pas vraiment l'étoffe d'un champion d'Europe, le club de la côte Basque a prouvé que ses bons débuts en Top14 n'étaient pas le fruit du hasard. Les coéquipiers de Dimitri Yachvili sont en confiance. Ils tentent et son récompensés. Ajoutons une rigueur défensive jamais démentie (malgré deux essais encaissés hier, suite à un relâchement compréhensible), et on obtient la recette d'un score fleuve. Ce qui, avouons-le, n'est jamais désagréable face à une équipe de sa Très Gracieuse Majesté.
Tout aussi réjouissant est le résultat du Stade Toulousain sur le terrain des Harlequins. On a vécu hier ce que des générations de supporters Français ont endurés (et endurent encore régulièrement) face aux Anglais : le sentiment qu'ils ne nous sont pas supérieurs et qu'on doit la défaite à la réussite insolente d'un adversaire un peu filou et franchement aidé par la chance (pour ne pas parler de l'arbitre).
Seulement hier soir, ce sont les supporters Anglais qui ont dû éprouver ce sentiment d'injustice, face au réalisme d'un Stade Toulousain pourtant mené 14 à rien à la mi-temps. Deux essais en cinq minutes en seconde période, et trois pénalités ont éteint le bel enthousiasme des Quins. On pensait pourtant, au terme des quarante premières minutes, que le rythme et l'agressivité (régulière) des Anglais, associées à une fébrilité visible des Toulousains, conduirait les hommes de Guy Novès vers une défaite cinglante. Mais la maîtrise des rouge-et-noir et le banc copieux des Haut-et-Garonnais ont permis d'inverser la tendance. On peut également avancer que les Harlequins n'ont pas eu la résistance physique suffisante pour tenir au même rythme pendant toute la rencontre.
Une chose est sûre, le Stade Toulousain a prouvé qu'il savait trouver des ressources ailleurs que dans son jeu de passes pour forcer la décision. Mais on peut également être certain que Guy Novès ne satisfera pas de cela et qu'il sait que face à d'autres équipes plus rouées, cela ne suffira pas. Au passage, on notera qu'une fois de plus, le coach Toulousain a été désavoué (relativement...) par ses joueurs. Alors que le temps réglementaire était écoulé, Thierry Dusautoir a refusé d'écouter son entraîneur qui réclamait que soit tentée l'ultime pénalité accordée aux Toulousains, préférant taper en touche plutôt que de risquer l'échec d'une tentative face aux perches et d'une contre-attaque de la dernière chance des Harlequins.
Disons-le tout net, cette réaction nous a plû. Car elle a démontré que les rugbymen pouvaient encore, même modestement, avoir une once de liberté de choix sur un terrain, à l'heure des schémas de jeu pré-établis et de l'inintelligence situationnelle...
En attendant le verdict du match entre Bath et le Stade Français, on dira que ce week-end n'a pas souri aux Anglais, y compris ceux qui exercent en France. Les Brivistes, loins d'être "Goode", ont essuyé un échec cinglant contre le Leinster qu'on disait pourtant moins bons que l'an passé, après les départs de Felipe Contepomi et, surtout, du troisième ligen Australien Rocky Elsom. Las, le CABC a mesuré l'ampleur du fossé qui les séparent du haut niveau européen. Sur le pré, lon regrette que les hommes de Laurent Seigne n'aient pas su répondre aux critiques de leur ancien ailier, Ben Cohen, qui a récemment déclaré avoir "régressé" après son passage en France.
Visiblement, l'amalgame entre les joueurs, talentueux, ne s'est pas réalisé, du moins pas dans des proportions suffisantes pour permettre au tableau d'affichage de refléter la valeur réelle du groupe, même s'il est vrai que le revers initial à Llanelli n'a pas aidé les coéquipiers de Fabrice Estebanez à se remobiliser autour d'un objectif de qualification.