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Kourou

Publié le 18 octobre 2009 par Argoul

dscn0182.1255594846.JPGDe Cayenne à Kourou par la route Nationale 1,60 km de goudron. De simple village, Kourou est devenu une petite ville de 20 000 habitants connue surtout par le Centre national d’études spatiales (CNES) et le Centre Spatial Guyanais (C.S.G.) (base de lancement des fusées Ariane et lanceur civil européen de satellites commerciaux).

La population est représentée par trois groupes d’importance égale : un tiers de Guyanais d’origine Amérindienne, Créole, Noirs-Marrons ; un tiers de Blancs ; un tiers d’étrangers (Brésiliens, Surinamais, Haïtiens…). Les Noirs-Marrons, représentés par les Bonis et les Saramacas. Ces derniers sont d’excellents menuisiers reconnus. Un de leurs quartiers se situe sur les bords de la rivière Kourou proche de l’endroit où l’on embarque pour les Iles du Salut.

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Hors période de lancement de fusée, on peut visiter certains équipements de la base de Kourou. Un musée bien aménagé, des explications simples et précises, un film, et l’on vous emmène ensuite en bus dans les hangars où sont assemblées les fusées, sur les pas de tirs des engins.

Impressionnant ce petit circuit surtout si vous aviez croisé auparavant les bateaux chargés des étages des fusées qui remontent jusqu’à Kourou.

Jules Verne où es-tu ?

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Les Îles du Salut sont trois îles d’origine volcanique à 20 km en bateau au large de Kourou. Elles sont rattachées au territoire de la commune de Cayenne. Le CNES est propriétaire des trois îles car elles sont situées sous la trajectoire des lanceurs et représentent un site stratégique. Seules les îles Royale et Saint-Joseph sont accessibles ; l’île du Diable est interdite d’accès à cause des forts courants.

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Quelques chiffres : au Nord, l’île du Diable, 14 ha, 40 m d’altitude ; au milieu, l’île Royale, 28 ha, culmine à 66 m ; et au Sud, l’île Saint-Joseph sur 20 ha, et à 30 m d’altitude.
Nommées d’abord « Iles du Triangle », (voir leur disposition) par les premiers explorateurs, on les baptisa ensuite « Iles du Diable » à cause des forts courants marins qui rendaient leur accès très dangereux, mais également à cause de la tragique expédition de Kourou en 1763 qui se termina par une hécatombe. Les premiers colons d’origine française envoyés en Guyane pour peupler le territoire ont été décimés par les épidémies de fièvre jaune, le manque de nourriture et d’eau potable. Les survivants se réfugièrent sur ces îles au climat plus favorable et dépourvues de moustiques, elles furent rebaptisées « Iles du Salut ». Après les premiers colons, ce furent les esclaves noirs qui défrichèrent ces îles. On autorisa les rescapés à retourner sur le continent et à fonder les premières communautés le long du fleuve Maroni.

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L’île Royale, c’est la principale, la plus grande des trois. Là se trouvaient les bâtiments administratifs du bagne et l’hôpital. Depuis 1980, grâce au tourisme et à la volonté de sauvegarder un peu du patrimoine historique, le CNES a permis la remise en l’état de la Chapelle, de quelques cellules du quartier des condamnés. La maison du directeur a été aménagée en Musée du Bagne. Le cimetière des surveillants est abandonné mais j’y remarque, avec tristesse quelques tombes d’enfants ou de nourrissons, probablement morts de maladie sous les tropiques.

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L’île Saint-Joseph, plus sauvage que l’île Royale. Les vestiges du bagne font frémir. Après avoir salué la Légion Etrangère, on gravit l’escalier qui mène au sommet de la colline. Ici on découvre les anciens bâtiments de la réclusion envahis par la forêt équatoriale. Dame nature a repris ses droits. Cette île était réservée aux « fortes têtes ». Il demeure quelques bâtiments en ruine qui donnent une idée que ce qu’a pu être cet univers carcéral imposé à l’homme par l’homme…

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Le taux de mortalité ici était inférieur à ceux des bagnes établis en pleine forêt guyanaise, comme le bagne des Annamites. C’était le bagne le moins dur de Guyane. Les conditions étaient toutefois très humiliantes avec des cellules sans toit, recouvertes d’une simple grille. Les détenus étaient épiés par les gardiens qui faisaient leurs rondes sur ces grilles.
L’île du Diable  permettait d’isoler certains détenus. C’était l’île des prisonniers politiques, des espions. Le Capitaine Dreyfus (1894) y séjourna durant de nombreuses années.

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Les villes françaises s’accroissent au XIXe siècle, l’insécurité également. Les bourgeois craignent les voleurs. L’abolition de l’esclavage en 1848, l’opposition grandissante aux bagnes métropolitains, se fait jour l’idée de substituer des bagnards aux esclaves. La déportation vers la Guyane s’organise en 1852. Quelle bonne idée ce bagne qui ramènerait  le condamné vers une vie honnête et également  permettrait  le développement de la Colonie. Une main-d’œuvre gratuite et corvéable à merci pour construire les infrastructures. La France attendait que les détenus fussent aussi des colons ! Les camps qui avaient été installés entre Cayenne et le fleuve Oyapock fermeront dès 1867 car les maladies tuent, tuent. On expédie le bagne en Nouvelle-Calédonie où le climat serait plus clément !

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Dès 1873, le bagne de Guyane est réalimenté. Le Parlement décide que les condamnés subiront un sort plus rigoureux. Peut-être étaient-ils trop gâtés auparavant ? Il faudra attendre qu’Albert Londres mène une campagne de presse contre le bagne avec la publication de 27 articles (repris dans le recueil ‘Au bagne’, réédité par Le Serpent à plume, 5.70€, ou chez Arléa en plus beau, 6.60€) et l’impulsion du député de Guyane Gaston Monnerville pour qu’une loi soit votée, mettant fin au banissement. La fermeture du bagne, décidée par un décret-loi du gouvernement Daladier en 1938 ne sera réalisée qu’en 1947 ! Ce n’est qu’en 1953 que la fermeture définitive interviendra.

Il y avait en moyenne et en permanence 6 000 prisonniers. Au total 70 000 prisonniers  passeront par les bagnes de Guyane : 52 000 transportés dont 75% pour vol et 25% pour assassinat ; 15 000 relégués, punis une deuxième fois ; 330 déportés politiques.

Sabine

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