Signera, signera pas ? Vaclav Klaus, dans ses toutes dernières déclarations, semble admettre que si sa cour constitutionnelle juge le traité de Lisbonne compatible avec la constitution Tchèque, qu'il est chargé de protéger, alors il ne pourra pas s'opposer à la signature de l'infâme traité (voir les raisons de mon opposition au traité ici) jusqu'à une possible élection des conservateurs britanniques.Nous serons fixés au plus tard début novembre.
Vers l'adoption de l'infâme traité
Bref, les eurolâtres peuvent se réjouir, ils risquent bien de l'avoir, leur traité, le conseil des ministres européens et la commission tous puissants auront les coudées franches pour faire avaler n'importe quoi à un parlement européen godillot, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et les états n'exerceront leurs prérogatives que "dans la mesure ou l'union n'aura pas exercé les siennes", selon cette nouvelle définition de la "subsidiarité" inaugurée par ce grand homme du peuple qu'était Giscard d'Estaing .
Je sais, je sais, cette histoire m'énerve au plus haut point, et j'en oublie les arguments de fond. De tréfonds, même, tant on touche parfois au plus profond de la vacuité.
"Il faut renforcer l'Europe", me dit on, souvent au nom de raisons très superficielles, et très étatistes : "relancer la dynamique européenne" (Un super état pour relancer l'économie ?), "mener de grandes politiques européennes" (Au secours, une attaque de clônes de la PAC !!), "renforcer la place de l'Europe dans le monde" (c'est à dire ???), et ainsi de suite, les poncifs succèdent aux poncifs. Les eurolâtres, y compris chez certains libéraux-conservateurs, voudraient qu'on vote "pour l'Europe", et nous disent que s'opposer à Lisbonne, c'est être "contre l'Europe". Un vrai argument, profond, construit.
D'ailleurs, Klaus est présenté par nos bien pensants comme un "Euro-sceptique", limite "nationaliste", ce qui évite d'avoir à s'interroger sur ses motivations réelles, alors qu'il est un partisan d'une Europe des libertés, vous vous reporterez de ce point de vue à l'interview du président Tchèque par Henri Lepage. Mais il n'est pas fan de l'Union des élites européennes. Serait-ce si stupide ? Etre "Européen" ne signifie certainement pas être favorable à n'importe quelle Europe, mais cela semble trop difficile à comprendre pour un bien pensant européiste conditionné.
Comme si soutenir une constitution très médiocrement respectueuse des valeurs libérales pouvait être un acte d'amour pro-européen ! l'hyper-état européen, très peu pour moi, merci.
Das Volk mit Klaus
Rien ne dit que les élites politiques européennes sortiront grandies de cet épisode peu reluisant de la vie démocratique (?) continentale. Tous les gouvernements se sont abstenus de faire voter leur population sur ce traité qui aurait sans doute reçu quelques camouflets dans les urnes, à l'instar du projet de constitution Giscard dont il n'est qu'un avatar. L'idée Européenne va sortir affaiblie devant les populations, qui en tireront la conclusion que l'Europe qui se construit est celle des élites et de la bureaucratie mais que leur avis ne compte pas.
Ainsi, Klaus est soutenu à 65% par sa population, à en juger par les derniers sondages. Vous me direz: "bof, les sondages"... Mais croyez vous que son encore hypothétique capitulation, qui suppose que les promesses de rétorsion de Barroso, Sarkocescu et consorts, vis à vis de la république tchèque, aient été considérables, renforceront l'amour de la construction européenne dans l'opinion tchèque ?
Et en Allemagne ? Selon le sondage en ligne contenu dans cet article de Die Welt, qui est plutôt conservateur, le traité n'a pas bonne presse :
Deux allemands sur 3, avec plus de 7200 votants, considèrent que le traité est mauvais. Bon, ce n'est qu'un sondage en ligne, mais l'échantillon commence à être intéressant. Croyez vous que les allemands se réjouiront de voir que leur chancelière et leur parlement les ont délibérément court-circuités pour permettre à un traité qu'ils jugent mauvais de leur être imposé ?
D'ailleurs, les commentaires de l'article de Die Welt sont éloquents. Environ 1/3 des commentateurs voudraient que les tchèques soient virés de l'Union, mais un autre tiers soutient Vakalv Klaus dans des termes sans ambiguité (le dernier tiers est celui que je ne comprends pas, mon allemand est un peu rouillé):
Danke Vaclav Klaus!
Bleiben Sie stark, Sie werden durch Cameron Unterstützung bekommen!
Klaus, unser Retter vor der Diktatur!
Klaus halte durch und kämpfe für die Freiheit.
Bravo Klaus !!!!!
Danke Klaus.
Du hast noch Rückrat.
Klaus ist der einzig wahre Europäer. Ich werde ihm demnächst via tschechische Botschaft meine Sympathie übermitteln.
Präsident Václav Klaus ist der letzte Kämpfer für Freiheit
Dank an Herrn Klaus für´s Nichtunterschreiben !
Klaus ist die letzte Hoffnung all derer, die nicht gefragt wurden. Und das sind die meisten unserer 400 Mio EU-Bürger.
Ich kann vor Klaus nur meinen Hut ziehen. Hoffentlich bliebt er gesund....
Klaus, bleiben Sie standhaft.
Vaclav Klaus ist die Stimme der zum Schweigen verurteilten Europäer, die den Lissabon-Vertrag nicht wollen.
La liste n'est pas exhaustive. "Sauveur de la dictature, dernier combattant de la liberté": voilà qui en dit long sur la façon dont nombre d'allemands voient l'Europe de Lisbonne.
La Pologne et la Lettonie viennent d'obtenir un assouplissement du plan climat Européen devant la cour de justice européenne, au motif de ce que la commission, dans sa proposition, avait outrepassé ses prérogratives contre celles des états souverains qui la composent. Mais dans une Europe ou "dès que l'Union a excercé ses prérogatives", les droits des états d'exercer les leurs sont considérablement amoindries, les polonais et les lettons auraient ils pu s'opposer à cette horreur bureaucratique qu'est le plan climat européen ?
Et si demain des mines de charbon polonais ferment parce qu'un obscur eurocrate (nommément Stavros Dimas, à ce jour) a décidé que le Charbon, ça rejetait trop de CO2, sans que le gouvernement polonais n'ait pu s'y opposer, croyez vous que l'idée Européenne en sortira grandie chez le mineur polonais ?
Le peuple ? Quel peuple ?
Mais les élites européennes semblent se moquer éperdûment de l'avis de leurs populaces. Les Irlandais, de guerre lasse, ont abdiqué. Le président Klaus risque de faire de même au nom de la république tchèque.
Le traité de Lisbonne donnera aux chefs de gouvernement européens encore plus de moyens de s'affranchir de l'accord de leurs peuples face à leurs choix politiques, en utilisant les institutions européennes pour court-circuiter leurs propres assemblées, via des directives européennes s'imposant aux exécutifs nationaux.
Croyez vous sérieusement, chers eurolâtres, que cela va RENFORCER l'Europe ? Lui INSUFFLER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE ?
Je crois au contraire que lorsque l'Europe devra avancer sur des dossiers sensibles, se multiplieront des mouvements populaires de contestation, portant en germe des menaces d'explosion de l'Union, rien moins. Car tôt ou tard, le gouvernement d'un pays sera obligé, sous la pression de sa population, de défaire une décision de la commission, ce qui ouvrira les portes à une Europe des "directives à la carte", où chaque pays n'appliquera des traités et lois européennes que celles qu'il pourra appliquer. Ce qui rendra les dossiers "transversaux" totalement ingérables. Les délires climatologiques de l'Europe pourraient nous donner assez tôt l'occasion de nous en apercevoir.
Quant à l'Europe des libertés, elle semble moins que jamais être la priorité d'un Barroso, Sarkozy ou d'un Brown, quand bien même elle l'ait jamais été. Maintenant que le traité de Lisbonne leur donnera les moyens d'étouffer tout vélléité de résistance de dirigeants qui savent encore ce que liberté veut dire, croyez vous sérieusement que l'Europe continuera d'avancer vers une voie plutôt libérale, après un tel précédent ?
Qu'il me soit permis d'en douter.
Si Vaclav Klaus doit rompre sous la pression et signer le traité de Lisbonne, ce sera un jour très sombre pour les libertés futures des européens.
----------------
Pour approfondir:
"Quelle Europe pour un libéral (1)"
"Quelle Europe pour un libéral (2)"
L'UE vue par Vladimir Boukovski: "I have lived in your future, and it didn't work" !
Interview de V. Klaus
-----------------