Je continue le tour d'horizon des nouvelles parutions d'Al Dante, dont je salue le retour sur la scène éditoriale. Avec aujourd'hui un extrait de Le Narré des îles Schwitter s de Patrick Beurard-Valdoye.
CENDANT allègres en avant arpentant portant pas lourd
plaquant pente laissant la kirke (l'église trad.) empruntant Moldeli
etikett rang de jaune forsythia les cerisiers au point de fleurir
grimpant rue Langmyr jusqu'au pont à main gauche bonbons ifa
enfilant la lente sente en blancs bouleaux remontant
la Molde virulentela longe crescente début ultimes maisons sur la butte de sigarette prince rain primes violette sous émondes
avant-bois abords tout droits avant que s'effiloche le milieu du temps
noisetiers à gauche du sentier halte pour une bronde fraîche
un bon bâton de marche pointu - année de noisettes
année de fillettes - c'est parti voilà l'autre monde geai (stries du geai noir blanc bleu ourlé de blanc) l'ombre
respirée sous bouleaux et sapins l'eau en contrepoint
entendue bien entendu au fond à main droite anémones
en fleurs massifs à brimbelles de part et d'autre en avant
en avant un chablis barre le chemin ensuite un caus brisé rachié
" une cathédrale " dans la cathédrale tout un arbre momie une
âme d'arbre " une cathédrale " - non disdon une domkirke -
blanc de bouleau croisée de grapillons les chemins se
bifurquent sous Damefallet (la cascad des dames trad.)
forêt réitérée le raidillon se dilate graniteux racineux
d'ossements de monts arrêt cœur battant qui bat qui bat en
arrière rien encore à venir là-devant Høyer-Finn ressemblant
au héron - Héron-Fin - imitant la scie Schwitters si taillant
sa baguette de noisetier la cernant ziuu ennze ziuu ennze
(prouesse) plus haut le flanc dégarni reprise des deux jøtuls
de plus belle Schwitters chancelant sa proue de semelle
gauche décollée sous cuir rouge cette fois pas de liant à collage
(eau + farine huile sucre café ne se conservent pas l'hiver)
les bruyères (Erika, trad.) substituées aux brimbelles les bouleaux
au fur plus malingres - brohons - blocs de pierre
heurtant les pieds les écoules obligeant aux écarts le cœur
qui va qui va vitesse grand V doublevant essoufflement
émouvement - c'est quoi un paysage émouvant ? - les
dégoulines assoiffent la montagne transpire blouse de boue
bleue du gris granite filets layons d'eau chuinteuse qui
sourdent de trous d e vie renouveau vigueur du printemps humilité
issue de l'humus eau touchant terre et touchant air à son tour
sans contour la Molde oubliée revient en force bien entendue
(à la rigueur) le chemin s'en rapproche grave
traversée pierre par pierre elle rhée avec fermeté le flanc
s'est dénudé le ru roule en spirale les r de roches (accent hanovrien)
e relief reparaît asséché Schwitters en arrêt
etourné tout retourné contemplant son île -/ i /reflet du je
au Romsdal - le galbe à son aile droite d'un iota cachée
par l'arête au premier plan
[...]
Patrick Beurard-Valdoye, Le Narré des îles Schwitters, Al Dante, 2007, p. 39
Patrick Beurard-Valdoye dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1
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