Pour la première fois, Apatow convoque devant sa caméra son vieux pote Adam Sandler, star du box-office américain, ami de près de 20 ans du cinéaste, idéalement placé pour incarner l’un des deux protagonistes de Funny People. Il incarne George Simmons, vedette comique passé du stand up de ses débuts à une carrière de star de cinéma dans des comédies bas du plafond qui apprend qu’il est atteint d’une maladie grave. Assez égocentrique de nature, George croise un soir dans une salle de stand up un jeune comique hésitant, Ira. Ce dernier se rêve roi des planches de l’humour, mais squatte le canapé d’un pote tournant dans une série débile et vit d’un petit job dans un supermarché.
George, dans sa mauvaise passe, propose de manière impromptue à Ira de devenir son assistant. Celui-ci lui écrira des blagues, mais va surtout devenir un confident inattendu pour la star en fin de vie.
Si ce résumé couvrait les presque 2h30 que dure Funny People, ce serait alors le résumé du
Le regard que porte Apatow sur cet univers sent le vécu à plein nez. On devine qu’en chacun des personnages, Ira, George, mais aussi les seconds rôles savoureux qui leur tournent autour (les deux potes comiques de Ira, un irrésistible duo Jonah Hill / Jason Schwartzman), ou les nombreuses apparitions savoureuses, se cache un aspect de Judd Apatow, de sa personnalité, de son passé d’aspirant comédien, d’aspirant auteur. C’est un milieu dépeint avec amour et nostalgie, bienveillance et amertume. L’auteur s’y sent comme chez lui, et cela se ressent totalement. C’est juste, féroce, drôle. A un certain moment, je sentais que j’avais sous mes yeux un des tous meilleurs films de l’année, à n’en pas douter.
Apatow passe à côté de son chef-d’œuvre, pour une maudite histoire de femme. A-t-il eu peur que toutes ces blagues en dessous de la ceinture utilisant à foison les termes « bite », « couilles » et « nibards » passent mal auprès du public féminin ? Est-il trop gourmand à vouloir densifier le récit de son film quand cela n’était point nécessaire ? C’est un beau regret, car pendant 1h30, Funny People était un film remarquable, hilarant et émouvant, qui heureusement retombe bien sur ses pieds pour le dernier acte. Trop tard pour ne pas regretter le grand film qu’il a failli être.