Dans une longue interview publiée par Le Figaro daté du vendredi 16 octobre, le président de la République déclare notamment : «Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts et je ne les augmenterai donc pas»
Ca semble clair et net…
On pourrait néanmoins chipoter. Quand il accepte la remise en cause de certaines niches fiscales, il s’agit d’une augmentation des recettes, même si les fonctionnaires de Bercy parlent, dans leur jargon, d’une «diminution de la dépense fiscale»…
Mais donnons acte, globalement, au chef de l’Etat de sa volonté et de son engagement.
Comme il se dit une nouvelle fois partisan de continuer de «soutenir» l’activité avec des déficits élevés, cela veut dire que la France va s’enfoncer dans l’endettement, qui sera remboursé plus tard, par nous ou par nos enfants, soit par l’augmentation des impots, taxes ou cotisations, soit par l’inflation, cet impôt sournois sur l’épargne.
Au compteur, la dette de l’Etat vient de franchir en octobre 2009 le cap des 1500 milliards €. Au rythme de 60 milliards de plus par trimestre, bientôt 80 puis 100, nous serons à plus de 2000 milliards en 2011, et bien au delà du taux fatidique de 100% du PIB. Voilà une pollution autrement plus grave que le CO2 que nous laissons aux générations futures !…
Nicolas Sarkozy dit : les autres en font autant, ou pire.
Non seulement, en vérité, beaucoup font mieux, mais encore la plupart commencent à prendre des mesures sérieuses pour rétablir leur équilibre budgétaire. Chez plusieurs de nos voisins les salaires des fonctionnaires sont soit plafonnés soit réduits de 7,5%, comme en Irlande ! Les coupes sombres sont partout à l’ordre du jour…
Il dit, «on aura réduit le nombre de fonctionnaires de 100 000». Il s’agit d’une hypothèse à fin 2010. Et, à cette vitesse, il faudra 150 ans pour revenir au niveau d’il y a 20 ans, sans parler du contrepoids exercé dans l’autre sens par les collectivités locales !…
Il dit surtout : «il faut continuer à soutenir la croissance».
C’est le point crucial.
Que les économistes qui soutiennent que le déficit est bon pour la croissance lèvent la main !…
En fait ce n’est vrai ni en principe, ni par exception dans les circonstances actuelles.
Le bon sens l’indique.
L’histoire le démontre : aux Etats-Unis, dans les années 30, le New Deal a eu pour effet de prolonger la crise, et donc de faire durer le chômage.
Et la théorie économique l’explique.
Une crise comme celle-ci, ou celle de 1929, s’analyse d’abord comme une destruction d’épargne privée. Quand les marchés financiers plongent, les épargnants trinquent. On a avancé le chiffre de 30 000 milliards de $ de valeur détruite…
La bonne réponse économique à un tel séisme consiste à favoriser le plus rapidement possible la reconstitution de cette épargne, et pas seulement les fonds propres de banques qui vivent sous assurance et sous perfusion publiques !
Si l’Etat capte l’épargne disponible, avec ses titres de dettes disposant d’un avantage exorbitant – contrepartie de son pouvoir de prélever l’impôt - il empêche l’investissement privé et l’activité de repartir. Il crée littéralement le chômage.
Loin de favoriser la reprise, le déficit prolonge la crise.
Même le FMI étudie, parait-il, des «stratégies de sortie de crise». En tout cas le G20 lui a demandé, pour rassurer les marchés, de bâtir un scénario au terme duquel la course folle de tout les Etats vers toujours plus de dette serait ralentie puis stoppée. C’est la tache essentielle – et sans doute impossible… – qui a été confiée par les chefs d’Etat et de gouvernement, lors de leur dernier sommet à Pittsburgh, à Dominique Stauss-Kahn.
Tous les chefs d’Etat s’efforcent de donner à croire qu’ils ont dans l’idée de maîtriser les déficits et la dette. Tous sauf un : le notre !
Nicolas Sarkozy, sans doute, veut attendre 2012. Il est vrai qu’il est meilleur politicien qu’économiste.
Mais attention : les échéances économiques et financières, qui sont mondiales, n’ont aucune raison de se plier pas au calendrier électoral français.
Ce qui ne veut pas dire que la bonne réponse à une crise mondiale ne peut pas être nationale.
L’Allemagne, qui aura bientôt rétabli à la fois ses finances publique et sa compétitivité internationale, même avec un euro à 1,50$, nous le démontre cruellement.
Une fois de plus, le gouvernement de notre pays, aux ordres d’une idéologie pourtant morte, attend, sans courage, son salut de l’extérieur.
Espérons pour lui qu’une nouvelle dépression – due par exemple à une remontée des taux d’intérêt à long terme, dans six mois – ne vienne pas emporter ses illusions…