Un destin

Ce jour-là, il fut le seul. Le seul à défendre un collègue. Le seul à s'en aller trouver le rédacteur en chef pour lui parler d'injustice. Le lendemain, il était viré. Le collègue ne le fut plus.

Il s'en retourna dans sa région. Habita chez sa mère. Comme avant. Avant cette montée dans la capitale. Cette folie. Il s'était mis en tête de devenir journaliste. Dans le seul média, un hebdomadaire, qui traitait de sa passion. Il commença comme simple standardiste. Il obtint ensuite le droit de faire quelques piges. Puis fut recruté pour collecter des résultats. Puis occupa des contrats à durée déterminée. Puis fut embauché.

Il habita longtemps une petite piaule nichée sous un toit. Il mangeait souvent du thon en boite. Ne mangeait pas tous les jours. S'en étant retourné dans sa région, il tâta du chômage et finit par trouver une place dans le quotidien de la région. Mais le coeur était troué. Flamme éteinte.

Il tint quelques années. S'enferma petit à petit. Dans son monde. Son père lui manquait. Il ne l'avait jamais connu. Ou alors il ne s'en souvenait pas.