Nous sommes, nous aussi, provisoires (Michael Edwards)

Par Arbrealettres

Peut-être est-ce nous qui sommes partis.
Les déménageurs musclés mais titubant
Comme des ivrognes sous des poids
Déraisonnables, n’ont laissé
Ni mondes enchantés au fond des glaces,
Ni crédences que l’oeil avait polies,
Ni solide bon sens des chaises, des armoires.
Dans les planchers, l’ébranlement n’est plus.
Nous sommes, nous aussi, provisoires,
Ce lieu qui nous portait devenu d’un coup
Epreuve négative de ces êtres
Etranges que nous fûmes et de leur savoir.
Entre deux portes, nous attendons
Le coup de heurtoir de nos demains.

***

As if we too, we two, had gone.
Heavy removal men have been
Through, and, tipsy with staggering
Weights have departed, leaving no
Alternative worlds in mirrors, no
Tables our looks had polished, nor
Solid sense in chairs or beds,
Now that the shaking floorboards cease.
We are provisional, we two,
The world we constitued now
A negative of me and you,
Those who we were and what they knew.
We are between, neither-nor,
All our tomorrows at the door.

(Michael Edwards)

(NB: l’auteur est bilingue et il a traduit en français son poème puis reconstruit le poème anglais)