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Anarchie ? Déroute

Publié le 17 octobre 2009 par Marc Lenot

Les idées anarchistes, anti-étatiques, anti-technologiques ont toujours été présentes dans le mythe américain et ces approches libertaires ‘grassroots’ ont eu des impacts ambivalents, la démocratie locale et le logiciel libre, mais aussi le droit de porter des armes et Oklhahoma City, les deux partant des mêmes prémisses. Ses grandes figures ont été Thoreau, apôtre de la désobéissance civile à Walden Pond, Hakim Bey et ses T.A.Z. , mais aussi Theodore Kaczynski, plus connu en tant qu’Unabomber, expéditeur de seize colis piégés, dont trois mortels, visant des professeurs d’université, des dirigeants de compagnies aériennes et des informaticiens, trois outils de la domination du monde par la technologie. Un tel excentrique marginal et dangereux peut fasciner par sa 16-10-2009-2113-41_edited.1255720512.jpglogorrhée anti-moderne et l’exposition Chasing Napoleon, au Palais de Tokyo jusqu’au 17 janvier, en montre quelques exemples sous un thème commun : comment se soustraire aux regards, trouver un refuge hors du monde. Pourquoi Napoléon ? Ce n’est qu’une vague référence à la Bérézina, éponyme de toutes les déroutes;

Mieux vaut commencer par la vidéo d’Ola Pherson, dans l’espace de gauche, pour se familiariser avec l’épopée d’Unabomber. On peut voir ensuite sa cabane, reconstituée telle quelle par Robert Kusmirowski ( Unacabin), les portraits robots faits par le FBI, retravaillés par Gardar Eide Einarsson et John Tremblay, sa bibliothèque, réassemblée par le collectif Dora Winter (et déjà montrée à Fontainebleau). Le travail autour d’un personnage énigmatique est toujours intéressant, non pas tant par les découvertes qu’il permet, mais surtout par le process même de recréation, mais on reste ici un peu en retrait, sur sa faim.

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D’autres pièces de l’exposition, plus ou moins énigmatiques (la malédiction de sorcière de Tom Friedman), mystérieuses (les billets de 500 euros brûlant sans se consumer de Tony Matelli (Fuck it, free yourself)), inaccessibles (les ultrasons pour chiens de Dave Allen) ou prometteuses d’un autre monde (la bonde dans le mur de Robert Gober ou la brèche fleurie de Ryan Gander), continuent le processus de déroute (dans les deux sens du terme, je crois).

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On arrive enfin à un moulage grandeur nature, avec terre, briques mésopotamiennes, racines et trou d’aération, de la cachette de Saddam Hussein à Tikrit, reconstituée ici par Christoph Büchel (Spider hole): est-ce un moulage ou un prélèvement, une empreinte ? Peut-on s’y glisser ? Cette simple forme terreuse est sans aucun doute la pièce la plus évocatrice de l’exposition, et le dictateur déchu, terré là, en pleine déroute, est bien plus présent que l’anarchiste caché dans sa cabane du Montana.

Ensuite, les maisons de Reykjavik de Dieter Roth forment un travail de mémoire et d’archivage conceptuellement très intéressant, mais devant lequel on passe vite. Quand on arrive aux tableaux ésotériques de Paul Laffoley, on a complètement perdu le fil du discours de l’exposition, la déroute est complète… 

Photos 2 et 3 de l’auteur


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