Je republie ci-dessous cet article d'Éric Timmermans, paru fin avril dernier sur " Jeune droite ", blog supprimé aujourd'hui. Ce texte est le seul rescapé du Déluge.
" De retour chez lui, le voyageur ne peut que trouver suicidaires l'autodénigrement français et le recul du sentiment européen. " (Voyage au pays du coton, Érik Orsenna, Fayard, 2006, p. 297)
On nous rétorquera qu'il n'existe pas de fatalité, que le suivisme grégaire et " hiérarchiste " n'est pas forcément inscrit dans les gènes humains, que la pensée indépendante, la volonté de liberté, le courage de la contestation des mots d'ordre sociaux, toujours empreints d'hypocrisie, sont peut-être des valeurs supérieures à ce grégarisme qui paraît tant nous rapprocher de notre animalité première et que celui qui tend le plus vers la véritable humanité est finalement celui qui, reniant l'animal grégaire qui est en lui, tente sa transmutation en un être individualisé, universalisé et, en définitive, " lumineux ", enfin dégagé de la tourbe ténébreuse du suivisme, source de tous les totalitarismes.
Je suis profondément individualiste. Je ne crois en aucune vérité sociale universelle et intangible, ce que l'on érige habituellement en " suprême vérité " étant, à mon sens, multiple, mouvant, subjectif, purement conjoncturel. L'Histoire le démontre. Ayant parfois tendance à une certaine misanthropie, je ne veux être ni commandé, ni commandeur ; pour reprendre l'expression de feu mon père, je ne veux être " ni mouton, ni berger ". La voie semble donc toute tracée pour mon adhésion à l'anarchisme. Un certain réalisme m'en distingue pourtant. Je suis d'autant plus convaincu de l'imperfection de tous les pouvoirs que je suis profondément convaincu de l'imperfection de celui qui les établit : l'Homme. Je ne pense pas que la société pervertisse le " bon sauvage " humain mais que, bien au contraire, c'est la nature même de l'humain qui rend indispensable l'ordre social. C'est ce que l'on peut nommer une approche de " droite philosophique ".
L'individualisme et la pensée indépendante ne sont possibles que dans des sociétés qui, non seulement les tolèrent, mais qui sont également aptes à se défendre contre d'autres groupes humains et contre des idéaux moins tolérants. Paradoxalement, la survie de l'individualisme et de la pensée indépendante n'est donc possible que dans une société organisée et forte. On me dira que si celle-ci dérive vers la tyrannie, tout pouvoir ayant tendance à l'omnipotence et au totalitarisme, la pensée indépendante, de même que les individus qui en sont adeptes, disparaîtront. Et de conclure un peu rapidement que l'ordre social est donc le véritable ennemi de la pensée indépendante. La menace de dérive totalitaire existe dans toute société, certes, mais l'excès d'individualisme non seulement ne garantit nullement la pérennité et la qualité de la pensée indépendante dans une société donnée mais, de plus, mine ladite société de l'intérieur, la rendant vulnérable, justement, aux assauts d'éventuels ennemis de l'individualisme et de la pensée indépendante.
C'est cela, très exactement, qui se produit aujourd'hui dans nos sociétés occidentales. La médiocrité actuelle du débat de société, tant sur les plans politique et culturel que sur le plan philosophique, démontre que l'individualisme socialement massifié, loin de constituer pour elle une défense, dissout la pensée indépendante de qualité au profit de doctrines et d'approches purement matérialistes, commerciales, absolument vouées au " chacun pour soi " et à la jouissance matérielle immédiate. En outre, la destruction volontaire de tous les liens communautaires de type identitaire favorise l'individuation des membres de la communauté, celle-ci s'en trouvant morcelée et affaiblie face à d'éventuelles menaces tant intérieures qu'extérieures. La réalité naturellement grégaire du sapiens n'est ainsi plus prise en compte, ni même prise au sérieux, cette dérive annonçant l'extrême division de la société et l'inéluctable déclin de la civilisation dont elle porte l'héritage.
Le morcellement individualiste du Peuple, de la Nation, de l'État, de l'Empire, transforme ces derniers en autant de foules d'individus indépendants, dénués d'interconnexions et, pour tout dire, d'une fiabilité plus que douteuse :
La pullulation des chiffres aux dépens du nombre, livre, naturellement, la communauté aux mains de ses ennemis.
Ainsi peut-on être absolument individualiste, ne croire en aucune morale sociale établie ni en aucun mot d'ordre idéologique, mais savoir également, par expérience, par réalisme, que l'ordre social hiérarchisé, aussi éloigné soit-il de nos plus profondes aspirations, est indissociable de la nature grégaire de l'être humain. Approche maurrassienne de l'incroyant conscient du caractère indispensable de l'ordre social, jadis incarné, dans nos pays, par l'Église catholique ? Sans doute. Anarchisme de droite, alliant la liberté de pensée individualiste au réalisme social sécuritaire, mélange d'esprit contestataire et de souhait pragmatique de cohésion communautaire ? Vraisemblablement, bien que je ne rejoigne ni l'humanitarisme d'un certain anarchisme libertaire, ni le conservatisme moral ni le libéralisme bourgeois d'une certaine droite. Je préfère, en définitive, me présenter comme un anarchiste identitaire ou, mieux encore, comme un anarchiste différentialiste.
L'identitaire dit clairement son nom. Le différentialisme offre plus de possibilités de nuances. Les deux appellations se valent et se complètent. Le différentialisme est le choix du droit à la différence enracinée, c'est la revendication du droit à la pluralité culturelle. Multiculturel (le), dès lors ? Que l'on nous épargne ce mot galvaudé qui loin de qualifier la pluralité des cultures enracinées n'est plus aujourd'hui que le synonyme pitoyable de son exact opposé : l'uniformisation sous-culturelle mondiale. Le paradoxe du multiculturalisme marchand est que par sa volonté avouée de mélange et de standardisation, il encourage justement l'annihilation de la pluralité des cultures, de même que sa substitution par une unique sous-culture mondiale, d'essence commerciale, qu'appellent de leurs vœux et établissent les adeptes du " Village global " planétaire. Comment peut-on s'affirmer multiculturel sans avoir à cœur, justement, la défense de la pluralité des cultures enracinées ? Faudra-t-il un jour, pour effacer la trace de ce multiculturalisme charlatan, inventer un néologisme, " polyculturel ", par exemple ? Il ne faut pas avoir fait, je pense, de hautes études gréco-latines pour comprendre que les deux termes sont de parfaits synonymes.
Le différentialisme serait-il dès lors opposé au métissage et au mélange des cultures ? Dans cette question traditionnellement posée aux identitaires, l'on voit clairement poindre la menace d'accusation de " racialisme ", équivalent moderne de la vieille accusation inquisitoriale d'" hérésie " qui, naguère, pouvait aisément vous conduire, via le bras séculier, aux questions ordinaires et extraordinaires, puis au bûcher. Notons cependant que, là encore, il nous faut aujourd'hui utiliser un néologisme pour distinguer l'idéologie imbécile de la " supériorité raciale ", celle-là même qui coûta si cher à l'Europe dans un passé trop récent et dont nous payons d'ailleurs aujourd'hui encore le prix exorbitant, du " racisme ", mot tout aussi galvaudé que celui de " multiculturalisme ", puisqu'il sert même aujourd'hui à désigner la légitime contestation de certaines religions prosélytes à vocation universelle - notamment l'islam, pour ne pas le citer - qui, par définition, ne s'identifient en rien à une quelconque " race ".
Céline lui-même écrivit un jour :
Ce qui intéresse le différentialiste n'est pas la " race ", mais ce qui fait l'essence, la particularité, l'originalité d'une communauté humaine établie à un moment de l'Histoire, dans un environnement géographique donné. Se contenter de proclamer que l'on est " fier d'être blanc " (ou noir, ou jaune...) trahit souvent un manque de profondeur traditionnelle, une faible connaissance de sa propre identité culturelle, historique, civilisationnelle. Instinctivement, on se raccroche alors à la référence identitaire la plus évidente, mais également la plus superficielle, à savoir l'apparence physique et, tout particulièrement, la couleur de la peau. Celui qui regrette le prétendu " bon temps où il n'y avait pas d'étrangers dans nos rues " n'est pas pour autant un " raciste " ou un " racialiste ". Il exprime souvent par là, d'une manière que l'on peut certes considérer comme simpliste, une nostalgie pour un environnement démographique qui, dans son esprit, correspond à une esthétique enracinée précise, " la France de Gabin " par exemple, ou pour tout autre Beau particulier et enraciné que la police de la pensée " politiquement correcte " lui a imposé de considérer comme définitivement révolue et obsolète :
- Parfaitement. Vous savez voir les choses comme elles sont. Il y a donc des clous ? Je suis du Paris d'avant les clous. " (3)
Ce regret d'une certaine esthétique démographique disparue n'inclut pas, forcément, une haine de l'autre ou une affirmation de " supériorité raciale ", comme le Système tente de nous le faire accroire. Cela dit, encore une fois, pour le différentialiste de nos pays, l'essentiel n'est pas là, mais dans la préservation d'un patrimoine particulier, français, européen, occidental, et sa transmission aux générations futures.
Le différentialiste ne condamne évidemment pas les échanges interculturels, il ne rejette pas l'influence arabe dans l'architecture andalouse, il ne méprise en rien le dialogue de l'écrivain avec son ami asiatique, dont il peut, le cas échéant, comprendre le peu de tentation pour l'Occident, n'adhérant à aucune idée de " supériorité raciale ", il n'hésite guère à admirer l'art maya ou la statuaire égyptienne, il comprend que les civilisations peuvent prendre des formes les plus diverses et que là où certaines élevèrent des cathédrales, d'autres, dans le désert australien, en Arizona ou au Kalahari, préférèrent l'introspection et l'élaboration d'une métaphysique complexe de tradition orale, il ne jette pas l'anathème sur le jeune couple mixte qui, s'étant trouvé sur quelque campus, se découvrit une passion commune pour l'histoire de l'art ou les mathématiques, il ne dédaigne pas la gastronomie thaïlandaise, il accepte aisément d'assister à un concert de musique andine, reconnaître l'évidence des racines juives du christianisme ne lui pose guère de problèmes. Mu par la curiosité et par un authentique amour du Beau enraciné, le différentialiste aime à contempler la diversité culturelle des peuples de notre planète même si, charité ordonnée commençant par soi-même, il donne naturellement la priorité à la préservation de sa propre identité enracinée.
Est-ce donc illégitime, voire condamnable, de vouloir préserver cette diversité, de n'accepter de la voir muer, se métamorphoser, qu'au fil d'une lente et harmonieuse évolution plutôt que sous les coups de boutoir aberrants et titanesques de flux massifs de populations, qu'ils soient touristiques ou migratoires, de donner, dans le maelström uniformisateur initié par les adeptes hashashins du Village global, la priorité à la préservation de sa propre différence enracinée ? À cette question, le Système répond " oui ", sans appel, particulièrement lorsque la revendication du droit à la différence enracinée émane du monde européen.
Certes, un combat politique est à mener contre les forces " planétaristes " qui visent à la destruction de la différence enracinée, particulièrement dans le monde européen, comme nous venons de le souligner. Toutefois, afin de gagner en force, en densité et en profondeur, le différentialiste, avant de s'engager dans le combat politique proprement dit, doit viser d'abord à définir ce pour quoi il lutte, d'un point de vue culturel, historique, traditionnel. On ne peut, de fait, se contenter d'une lutte exclusivement négative contre quelque chose, se cantonner à n'être que des " anti " et prêter ainsi le flanc aux attaques de ceux qui ne manqueront pas de nous accuser de toutes les dérives haineuses.
Le différentialiste est mu, comme nous tentons de le démontrer dans ce texte, par un profond amour de la Différence et du Beau enracinés, et non par la haine d'autrui, et cela même si l'action politique, toujours source de passions et de controverses, est évidemment inséparable de la contemplation esthétique :
Approfondir son enracinement identitaire en s'instruisant sans cesse par la lecture, l'écoute, l'expérimentation est le premier devoir du différentialiste, particulièrement en ces temps d'acculturation, organisée au nom de la lutte contre ce que le Système nomme la " culture bourgeoise " et les " particularismes archaïques ". Faire comprendre et connaître aux nôtres, particulièrement aux plus jeunes, dont le Régime, on le sait, a entrepris le déracinement systématique, leur culture et leur histoire enracinées, défendre notre patrimoine (5) contre ceux qui visent à son éradication, constituent d'autres devoirs de l'identitaire. Les formes du combat différentialiste doivent donc être multiples et ne pas se cantonner exclusivement au combat politique.
" Faut-il s'étonner si, en me penchant vers ce couple menu [l'auteur observe un couple d'insectes rares], j'oubliai ma mission guerrière - le lieu, le temps et la consigne ? Des deux réalités, celle-ci était la plus forte. " (6)
Le combat politique se révèle indispensable, certes, mais ayons soin, toutefois, de ne pas confondre l'indispensable et l'essentiel.
L'ouverture aux autres cultures, aux autres traditions, les échanges interculturels, la rencontre des différences enracinées, sont évidemment souhaitables, à la condition toutefois que ceux-ci s'organisent dans le cadre strict du respect mutuel, et particulièrement dans le respect par l'identité " invitée " ou allochtone, de l'identité autochtone. Nous ne pensons pas que les échanges harmonieux entre identités enracinées soient compatibles avec le déplacement massif de populations sur base de considérations essentiellement socio-économiques, que du contraire. Mais nous savons également que les idéaux globalisateurs, par ces mouvements massifs et par l'abolition des frontières, ne visent nullement, contrairement à ce que proclame leur propagande " multiculturelle ", à favoriser les échanges harmonieux entre les différences enracinées, mais au contraire à les fusionner dans un grand ensemble indistinct, uniforme, " unisex " et totalitaire.
À cette entreprise de destruction systématique de la diversité culturelle européenne et universelle, qu'elle soit organisée au nom de l'" Euromarket ", du " Global Village ", de cet " altermondialisme " qui n'est rien d'autre que de l'internationalisme marxiste honteux, ou d'un quelconque " califat mondial ", le différentialisme oppose l'amour du Beau enraciné, source de qualité de vie et ciment de communautés fortes, aptes à résister, ensemble, à l'uniformisation culturelle et à la désertification civilisationnelle, que l'on tente, mondialement, de nous imposer.
On nous rétorquera que cette notion d'identité enracinée, par définition historiquement mouvante, est forcément subjective, voire irrationnelle et romantique.
Le différentialiste ne nie pas les interconnexions entre les groupes humains, les cultures, les civilisations. Il ne refuse pas non plus l'idée que dans un monde où tout naît, vit et meurt cycliquement, toute civilisation, toute culture, est appelée un jour à disparaître ou, à tout le moins, à se transformer. Le différentialiste pense simplement que ce genre d'évolution doit être progressif se faire à un rythme humain et non relever de déplacements massifs et rapides de populations, sources de conflits, de racisme et de déracinement.
Le différentialiste peut donc convenir du fait que la référence identitaire est fondamentalement subjective, l'amour du Beau enraciné relevant, forcément, d'un sentiment subjectif. Mais l'être humain, justement, est-il un être absolument objectif et rationnel ? Nous nous permettons d'en douter, bien heureusement d'ailleurs.
Prétendre que " réussir sa vie " consiste, par exemple, à bâtir un empire financier plus ou moins virtuel et à amasser un grand nombre de biens de consommation superflus qui ont, en outre, généralement tendance à ne point trouver place dans l'ultime demeure qui tous nous attend, s'extasier devant la courbe d'une voiture de luxe ou afficher une montre payée avec l'équivalent d'un ou deux ans de salaire moyen, sont-ce là des attitudes qui relèvent de l'objectivité et de la rationalité ?
Clamer que l'on adhère à une révolution qui aboutira au bonheur de l'humanité, croire en un progrès supposé un jour aboutir à une idéale " fin de l'Histoire ", clamer sa foi en l'édification prochaine d'un " paradis terrestre ", est-ce là se montrer objectif et rationnel ?
L'idéal paradisiaque est un mythe
" [...] Qu'on se rapporte à Max Nordau et aux paroles de Relling à Gregers, dans Ibsen : "Pourquoi emploies-tu le mot étranger 'idéaux' ? Nous avons notre beau mot à nous : 'mensonges'" ". (7)
dont la plus qu'improbable réalisation aurait tôt fait d'amener l'humain, poussé par l'ennui, à renouer avec sa réalité la plus bestiale.
" Si les après-midi dominicales étaient prolongées pendant des mois, où aboutirait l'humanité émancipée de la sueur, libre du poids de la première malédiction ? L'expérience en vaudrait la peine. Il est plus que probable que le crime deviendrait le premier divertissement, que la débauche paraîtrait candeur, le hurlement mélodie et le ricanement tendresse. La sensation de l'immensité du temps ferait de chaque seconde un intolérable supplice, un cadre d'exécution capitale. Dans les cœurs imbus de poésie s'installeraient un cannibalisme blasé et une tristesse de hyène ; les bouchers et les bourreaux s'éteindraient de langueur ; les églises et les bordels éclateraient de soupirs. L'univers transformé en après-midi de dimanche..., c'est la définition de l'ennui - et la fin de l'univers... " (8)
Finalement, à bien y réfléchir, l'approche différentialiste qui vise à assurer la cohésion du groupe, de la communauté, de l'État, de la Nation, de l'Empire, par l'amour et par l'affirmation d'une commune esthétique enracinée, ne se révèle-elle pas plus objective et plus rationnelle que d'autres ? N'aboutit-elle pas à permettre au sapiens d'assurer sa survie, sa continuité, par le maintien de la cohésion de sa communauté d'appartenance ? Alors que les matérialismes purs, autoproclamés seuls " rationnels " et " objectifs ", sombrent dans des approches " paradisiaques " dont le but ultime est soit d'assurer au " gagnant ", au " winner ", à l'être égocentrique et individué, la jouissance immédiate, illusoire et vaine du fruit de son labeur, sans le moindre souci de cohésion sociale ou de pérennité traditionnelle, soit de tenter de faire le bonheur de l'humanité malgré elle en poursuivant d'utopiques chimères supposées donner un sens à la vie de celui qui y croit, les " bons " ayant par trop tendance à vouloir se réaliser au travers des malheurs d'autrui.
" Ô mes frères, celui qui un jour a dit : "Ce sont des pharisiens", celui-là a vu jusqu'au fond du cœur des bons et des justes. Mais on ne le comprit point. Les bons et les justes eux-mêmes n'eurent point le droit de le comprendre : leur esprit est emprisonné dans leur bonne conscience. " (10)
Face aux entreprises globalisatrices, la cohésion de la communauté s'impose donc. Celle-ci est rendue impossible par l'individuation absolue de ses membres et ce n'est évidemment pas un hasard si le Village global encourage, parallèlement au déracinement historique et culturel, l'individualisme forcené basé sur le simple et significatif slogan " éclate-toi ! ", celui-ci contenant clairement l'idée d'une pure désintégration de l'être et, partant, de sa communauté d'appartenance.
La cohésion solide des communautés humaines n'est possible que par le partage d'un amour commun d'une même esthétique enracinée. Pas de résistance possible sans cohésion du groupe, pas de cohésion du groupe sans enracinement identitaire, pas d'enracinement identitaire sans connaissance et sans amour du Beau enraciné.
Ainsi, le différentialiste, l'identitaire, soucieux tant de cohésion sociale que d'une véritable qualité de vie, revendique-t-il le droit à la différence authentique, en d'autres mots, le droit à l'affirmation de sa différence enracinée.
(1) L'Année terrible, Prologue, " Les 7 500 000 oui ", Victor Hugo, mai 1870, Gallimard, 1985, pp. 25-26.
(2) Voyage au bout de la nuit, Céline, Éditions Denoël et Steel, 1932, p. 12.
(3) Les Sept couleurs, Robert Brasillach, Plon, 1939 / 1970, p. 137.
(4) Le Génie du Nord, Jacques Darras, Grasset, 1988, p. 11.
(5) À ce sujet, une action urgente doit être menée pour la sauvegarde de l'Hôtel Lambert, sis sur l'île Saint-Louis, à Paris, un site inscrit au patrimoine de l'UNESCO. Le bâtiment, pourtant classé monument historique dès 1862, est actuellement menacé d'une profonde dénaturation si toutefois le projet élaboré par l'architecte en chef Alain-Charles Perrot, pour le compte du frère de l'émir du Qatar, devait être mené à bien. Pour en savoir plus et éventuellement signer la pétition contre ce projet, je vous invite à vous rendre sur le blog de l'Hôtel Lambert.
(6) Chasses subtiles, Ernst Jünger, Chrstian Bourgeois, 1994, pp. 81-82.
(7) Chevaucher le tigre, Julius Evola, Guy Trédaniel Editeur, 1982/2002, p. 43.
(8) Précis de décomposition, Cioran, Galimard, 1949/2002, p. 37.
(9) Le Génie du Nord, Jaques Darras, Grasset, 1988, p. 103.
(10) Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche, Librairie générale française, 1983, pp. 303-305.
(11) Les diables de Loudun, Aldous Huxley, Plon, 1984, p. 106.