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128ème semaine de Sarkofrance : les fausses "surprises" du Président

Publié le 17 octobre 2009 par Juan

Nicolas Sarkozy et ses proches n'en reviennent pas. Les affaires se multiplient, et disqualifient le discours présidentiel. Sarkozy doit ruser. Il fait des visites "surprises" et des interviews "surprises". Histoire de créer l'évènement, et d'apaiser son inquiétude.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
En quelques semaines, la Monarchie sarkozyenne a sombré. Frédéric Mitterrand s'est trop vite lâché pour défendre Polanski (faudrait-il rappeler que le cinéaste a sodomisé une gamine de 13 ans quand il approchait la quarantaine ?). La semaine dernière, la polémique sur les écrits passés du ministre de la culture ont estomaqué une bonne partie de la droite. Et l'indulgence du Monarque, qui fustigeait voici moins de deux ans "l'esprit de mai 1968" les a achevé. On accuse Carla Bruni. Il paraît qu'elle était le lien avec une certaine gauche culturelle, pro-Hadopi et sarko-compatible. La "Première Dame" pourrait-elle se faire discrète ? Les ventes du Figaro risquent, autrement, d'en pâtir. La réaction du Petit Nicolas est curieuse, signe d'un narcissisme qui l'égare. Il ne s'amende pas. Au contraire, il conteste les critiques. Mercredi, lors du Conseil des Ministres, il a remercié les soutiens prodigués par certains membres du gouvernement à leur confrère de la Communication.
La veille, le Prince Jean était venu lui-même répété sur le plateau de France 3 Ile-de-France les arguments mécaniques ressassés à l'envie par les supporteurs du Président: "j'ai été élu". Bien sûr mon garçon. Ton expérience te disqualifie pour être assistant juridique à l'EPAD, le même établissement dont tu brigues la Présidence. L’héritier évita soigneusement de réagir aux interrogations quand à l’importance de son nom dans la rapidité de son parcours politique. « Nous sommes la risée du monde entier » a rappelé, quelques heures plus tard, François Bayrou. Jean Sarkozy est lui la risée du Web. Les sondages dénoncent cette "élection-nomination". Et le Canard Enchainé rappelle comment l'Elysée a manoeuvré pour placer le Prince Jean: Pistonné pour être candidat dans un canton protégé de Neuilly-Sur-Seine, le fils Jean a rapidement "convaincu" le député-maire de Meudon Hervé Marseille de lui laisser sa place d'administrateur de l'EPAD ("On s'est mis d'accord entre nous sans voter" explique ce dernier). Quand au président sortant, Patrick Devedjian, un décret était prêt, cet été, pour lui permettre de poursuivre son mandat malgré ses 65 ans. L'Elysée a bloqué.
Il y a des sujets plus graves en France que les turpitudes asiatiques de Frédéric Mitterrand ou le piston du fiston Sarkozy dans les Hauts-de-Seine. Mais ces deux affaires révèlent une chose : Nicolas Sarkozy est un menteur qui se juge au-dessus des règles qu'il professe à longueur de mandat. On connaissait ses penchants "Bling Bling", le pantouflage de ses conseillers, ses voyages payés par la République ou de riches amis, ses week-ends de trois jours, ses 6 semaines de vacances cet été, l'augmentation de 172% de son propre salaire, son nouvel avion, ses visites castées, verrouillées et scénarisées aux quatre coins du pays.
L'affaire Jean est la goutte d'eau d'un vase déjà plein.
Papa Nicolas est inquiet
Jeudi, Nicolas Sarkozy s'est rendu à Gandrange, sans crier gare. La nouvelle aurait pu être incroyable. La bourgade était devenue le symbole des promesses non tenues au monde ouvrier. Mais au fait, de quelles promesses, ? La défense de l'emploi industriel. On avait presque oublié qu'il ne s'agit pas simplement de venir à Gandrange. Encore fallait-il avoir quelque chose à dire. Sur place, Sarkozy annonce... des décisions déjà annoncées par Luc Chatel il y a 8 mois : 300 millions d'euros pour la construction de rails, et 5 millions d'euros à Gandrange pour un centre d'apprentissage. Deux jours auparavant, il avait déjà expérimenté cette tactique de la visite "surprise", dans un lycée de Seine-et-Marne, quelques heures après avoir annoncé de timides propositions pour réformer le lycée. Sarkozy vient caché et à l'improviste pour se déplacer sur le terrain. Il évite ainsi les journalistes et les contestataires. Le lendemain de cette visite à Gandrange, l'un de ses plus fidèles zélotes, Christian Estrosi, explique, sans rire, que les seules manifestations que Sarkozy aurait eu à craindre à Gandrange, auraient été "des manifestations de joie autour d’un gouvernement, autour d’un président de la République qui sait redonner de l’espérance".
Problème, une visite imprévue et sans journaliste n'a que peu de valeur. La parole politique a besoin de témoins pour engager son auteur. Nicolas Sarkozy est-il à ce point effrayé ?
Jeudi, Sarkozy improvise aussi une interview "surprise" dans les colonnes du Figaro. Le patron du journal explique : "Sarkozy s'efforce de siffler la fin de la récré". Le Monarque cherche à déminer les polémiques. Il a chaud. Un sondage révèle que 64% des Français interrogés, dont une majorié à droite, n'ont pas apprécié le népotisme présidentiel. Sarkozy ne donne pas le change : fermé à toutes les critiques (sauf une, son accusation coupable dans l'affaire Clearstream qu'il regrette), il égrène ses motifs d'autosatisfaction : il n'est pas plus impopulaire que ces prédécesseurs; le front social serait "apaisé", le gouvernement aurait mis en oeuvre " un plan bancaire, un plan auto, un plan de relance qui ont été imités dans le monde entier"; les comptes de l'Etat seraient moins dégradés qu'ailleurs ; les prêts aux banques auraient été profitables à l'Etat; la taxe carbone serait remboursée à l'euro près, Mitterrand n'aurait rien fait de mal, Polanski n'aurait pas dû être arrêté. Faut-il prendre les lecteurs du Figaro pour des ignares à ce point ? Sarkozy nie même le bienfondé des commentaires rageurs des lecteurs du Figaro, heurtés par ces polémiques: "Ceux qui ne se sont jamais faits à mon élection et qui n'ont rien à dire sur le fond essayent d'attaquer sur tous les sujets avec une mauvaise foi et une méchanceté qui ne trompera pas les Français."

Le Monarque est-il à ce point déconnecté de la réalité ?
Il est impopulaire depuis l'automne 2007. Personne n'a suivi la réponse française à la crise; c'est même plutôt la France qui a suivi la solution britannique en septembre 2008 face aux menaces de faillites bancaires; les déficits français sont plus inquiétants qu'ailleurs car la France se redresse rarement plus vite que les autres. Tous nos voisins cherchent à redresser leurs comptes. La taxe carbone sera seulement partiellement et forfaitairement remboursée, indépendamment des vrais surcoûts carbone. Quand aux aides bancaires, Sarkozy omet de rappeler que l'Etat, en cédant leurs actions au prix d'origine, et non à leur valeur de marché, s'est privé de plusieurs milliards d'euros de plus-values.
Sarkozy n'a raison que sur un point: «Ce n'est pas mon fils qui est visé, c'est moi». Effectivement, l'affaire Jean Sarkozy est un souci d'éthique et de responsabilité pour le Monarque élyséen. le symbole d'une imposture d'Etat.
Quand au calme social, d'autres ont joué la surprise : les agriculteurs ont décidé d'exprimer leur mécontentement dans la rues. Quelques 50 000 d'entre eux sont allés déversé du foin à quelques encablures de l'Elysée et dans une vingtaine de villes françaises.
Les vrais sujets
A l'Assemblée Nationale, les députés de la commission des finances ont failli porter un coup au bouclier fiscal si cher au président: un amendement visant à en exclure la CSG et la CRDS a manqué d'être adopté. Fiscalement, le gouvernement est dans une impasse idéologique. s'il a raison de ne pas vouloir relâcher les soutiens à la demande et à l'investissement, il s'accroche à des symboles coûteux et inefficaces: la réduction de la TVA sur la restauration grève de 3 milliards d'euros le budget de l'Etat. Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat au Commerce, a fait les gros yeux cette semaine, en conviant les représentants du secteur pour une réunion d'engueulades. Sarkozy est pris au piège de son libéralisme clientéliste. Quand aux autres niches fiscales, pas touche ! La Sécurité Sociale souffre de la crise. Mais Sarkozy ne demandera aucune taxation des revenus du capital, largement épargnés depuis des lustres de toute contribution à la solidarité nationale: seuls les patients paieront, et attendront... le retour de la croissance. Sortez les cierges ! 8 millions de Français vivent toujours sous le seuil de pauvreté. Parmi eux, des patients pour qui la santé coutera demain plus cher parce qu'un gouvernement a refusé d'élargir l'imposition solidaire.
Mardi, Sarkozy annonce sa réforme du lycée. Un rendez-vous pris de longue date. Il tombe mal. Tout le monde ne parle que du piston du fiston. Sarkozy est troublé. Il fallait le regarder réciter son discours sur le lycée, le regard fuyant, la voix moins affirmée que d'habitude, quand il rappelait l'un des principes fondateurs du lycée sous Napoléon : «Cela voulait dire: désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est d'avoir travaillé dur et d'avoir fait la preuve par ses études de sa valeur.»
Pour le reste, sa réforme est timide. Il promet encore un peu (une orientation plus souple, davantage de langues étrangères, deux heures de soutien pris sur les heures d'enseignement obligatoire), convainc peu, et reste inaudible, effacé par les soupçons de népotisme.
A l'Assemblée Nationale, le chef de cabinet de l'Elysée est venu confié combien la Présidence avait eu tort dans ses manipulations sondagières révélées par la Cour des Comptes en juillet dernier. Christian Frémont devait justifier le budget de son patron pour l'an prochain devant la commission des finances. En 2008, l'attribution d'un contrat de 1,5 millions d'euros annuels, sans appel d'offre ni contrat détaillé, était une erreur: « Tout cela appartient au passé, ce système n'existe plus ». Second aveu, "Monsieur Buisson n'a plus les sondages depuis le mois de juillet", et un appel d'offres sera lancé pour la réalisation de sondages portant exclusivement sur l'image du Président. En 2008, un sondage politique chaque semaine était préparé ( « un travail de rédaction des questions et d'analyse ») et payé par l'Elysée sans qu'on le sache. On apprit enfin que Patrick Buisson, l'occulte conseiller de Sarkozy à 1,5 millions d'euros annuels, ne touchait plus que 10 000 euros par mois... mais que Patrick Giacometti, son collègue, émargeait encore à 43 000 euros mensuels.
Samedi, le quotidien Libération publie de nouvelles révélations sur les commissions occultes versées lors des ventes de sous-marins au Pakistan. Sarkozy était ministre du budget et directeur de campagne de Balladur. Il va devoir être convaincant pour justifier la provenance des 90 millions d'euros de frais de campagne de son mentor de l'époque...
Ami sarkozyste, où es-tu ?


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